L’ancien premier ministre, Matata Ponyo Mapon a expliqué ce vendredi 12 février 2021, la débâcle du projet du Parc agro-pastoral de Bukalonzo, au cours d’un point de presse à l’Hôtel Memling de Kinshasa.
Matata Ponyo a fait savoir que pendant qu’il était premier-ministre en fonction, des fausses allégations étaient propagées par les membres du PPRD et plusieurs autres membres du FCC, qui avaient trouvé des moyens pour l’éjecter du poste de Premier ministre qu’il occupait. Pour y arriver, il fallait trouver des voies et moyens. Et l’un de ses moyens était de pouvoir monter des dossiers et parmi lesquels le dossier de Bukanga Lonzo. Soit disant que le projet n’était pas pertinent, soit disant que le sol n’était pas approprié, ou alors qu’il y avait une mauvaise gouvernance dans ce projet, a-t-il indiqué.
Et juste après sa démission de la Primature en fin décembre 2016, déclare Matata Ponyo, une campagne systématique a été instrumentalisée justement pour saboter ce projet (Bukanga Lonzo).
«Face à la persistance et l’amplification des fausses rumeurs autour de ce projet, j’avais pris l’initiative d’écrire à l’inspection générale des finances pour que la lumière soit établie sur ce dossier», note Matata Ponyo.
« Il était anormal que depuis des années, des rumeurs sur le détournement des fonds de Bukanga Lonzo persistent et que personne ne puisse demander une enquête soit faite et que des audits soient faits. Parce que tout le monde qui commanditait ces rumeurs , tout le monde qui commanditait ces faussetés savait que le principal incriminé n’était pas responsable. Et donc Il était inutile de pouvoir initier un audit ou une enquête de quelle que nature que ce soit. Suite à ma lettre, et pour votre information dans cette lettre là, j’ai demandé que l’audit ne soit pas fait uniquement sur le projet de Bukanga Lonzo mais sur tous les projets qui ont été exécutés sous ma responsabilité directe ou indirecte depuis 2003, dont j’étais directeur de la BCECO, en passant par le ministère des finances, parce que j’y étais ministre et à la primature où j’étais le Premier ministre. Pourquoi, parce que je sais que ce dossier de Bukanga Lonzo va finir et il sera démontré que je n’ai pas été impliqué ni directement, ni indirectement dans la mauvaise gouvernance».
Par ailleurs, l’homme à la cravate rouge précise que la demande d’un audit complet était demandé pour mettre fin aux rumeurs de détournement des fonds ou de megestion des projets sous sa responsabilité.
« Mais que demain , après demain on va encore sortir d’autres dossiers, et voila, le bâtiment intelligent, l’aérogare international de Kinshasa, les écoles, les stades municipaux, parce que c’est la seule période ou il y a eu un Premier Ministre ou il y a eu beaucoup des réalisations mais alors ils savent que nous allons toujours piocher là dedans ,voila pourquoi j’ai demandé que l’audit complet soit fait pour que la communauté nationale et internationale soit informée si effectivement il y a eu détournement ou pas».
L’ audit de l’IGF
Au cours de ce point de presse, Matata Ponyo va déclarer que l’Inspection Générale des Finances (IGF) avait accepté de faire un audit à sa demande. Mais , il a déploré le fait de recevoir les conclusions du rapport d’audit à la presse alors que ce rapport devrait lui être destiné et jusqu’à ce jour, il n’a jamais reçu ce rapport.
“L’ IGF a accepté effectivement de faire un audit et après l’audit, l’IGF m’a envoyé une feuille d’observation pour pouvoir demander les détails sur certaines questions et finaliser le rapport. Et j’ai répondu, en donnant toutes les informations demandées par l’Inspection Générale des Finances. C’était par ma lettre du 25 novembre 2020.
Le 03 décembre 2020, l’IGF nous envoie une note synthèse du rapport d’audit concernant la partie relative à Monsieur Matata. Je réponds à l’IGF pour dire : «C’est moi qui ai demandé l’audit sur le Parc Agro-industriel de Bukanga Lonzo. Conforment aux règles d’usage , vous m’avez envoyé une feuille d’observation pour que je réponde aux interrogations y relatives et j’ai répondu ». La règle internationale en termes d’audit recommande en ce que lorsque le rapport provisoire est établi qu’on l’envoie à l’audité et que l’audité puisse donner ses avis. Et ceci n’oblige pas l’auditeur à pouvoir absolument prendre en compte les observations de l’audit. Mais comme vous le savez , nous avons été tous surpris par la presse en voyant le responsable de l’IGF donner les principales conclusions de l’audit à la presse.
Il a ajouté : Moi-même , je l’ai aussi appris par la presse. J’ai demandé par téléphone à l‘inspecteur général des Finances, Monsieur Jules Alingete Key , je décide de prendre le téléphone le même jour, je dis : « Je viens de suivre par la presse que vous avez envoyé le rapport d’audit à la justice mais moi qui ai commandé ce rapport je n’ai pas reçu de copie, et il me dira demain, on vous enverra le rapport » . J’ai attendu pendant une semaine, je n’ai pas eu de rapport malgré la confirmation de l’inspecteur général des finances.
Et j’ai écrit une lettre pour dire à Monsieur l’Inspecteur Général des Finances, vous nous avez promis le rapport, nous l’avons pas reçu cela fait une semaine, est-ce que vous pouvez nous envoyer ce rapport ? En lieu et place du rapport , l’inspecteur général des finances nous enverra une note synthèse du rapport d’audit concernant la partie du premier ministre honoraire.
Curieusement, nous avons vu toujours par la presse que l’IGF a envoyé au Premier ministre honoraire le rapport d’audit. Matata Ponyo a précisé que l’IGF ne lui a jamais transmis la partie du rapport le concernant.
A propos de la passation des marchés publics, Matata Ponyo a dit que cela était justifié pour plusieurs raisons notamment : la complexité et la particularité du projet rendaient nécessaire le recours à une procédure de gré-à-gré, le recours gré-à-gré s’est fait avec l’accord préalablement du Président, AFRICOM avait intérêt que le projet des parcs agro-industriels réussisse pour offrir un marché fiable des engrais dont il venait de lancer la construction à Boma, etc.
S’agissant de l’arrêt du projet, l’ancien premier ministre congolais a indiqué que l’IGF était à la primature comme conseiller il est mieux placer pour dire pourquoi le projet a été arrêté en 2016.
La responsabilité de la débâcle du projet est à rechercher après le départ du Premier ministre Matata qui s’est battu bec et ongle pour que ce projet ne s’arrête pas. Juste après mon départ en février 2017, il n’y a pas eu des paiements. Qui a autorisé l’arrêt du financement de ce projet vital ?.
Il a déclaré que le Projet du Parc Agro -Industriel de Bukanga Lonzo est un projet pertinent. Il faut qu’on sache qui a demandé qu’on arrête le financement de ce projet? “Ce projet a été combattu par les importateurs alors que j’étais encore en fonction. Ils disaient que si ce projet réussit, notre marché va disparaitre”, a poursuivi Matata Ponyo.
Concernant la responsabilité financière et technique du projet Bukanga Lonzo, Matata Ponyo précise que c’est la société AFRICOM qui a la responsabilité financière et technique dudit projet.
«Aucun dollar n’est passé par la Primature selon l’IGF mais l’IGF dit aussi que la Primature était le centre de gestion du projet. Que comprendre ?».
Matata Ponyo explique qu’il est facile de savoir les mouvements du compte dont le numéro a été donné par l’IGF et qui sont les bénéficiaires.
Évoquant la surfacturation des services, l’homme à la cravate rouge déclare : AFRICOM est la seule responsable.
L’ancien premier ministre fera également savoir que les conclusions de cet audit de l’IGF sont effectivement politiques, il y a plusieurs insuffisances techniques et professionnelles dans ces conclusions de l’IGF.
“Les conclusions de l’IGF sont politiques . Il faut demander au ministre des Finances de l’époque Yav Mulang pourquoi il a arrêté le projet ?”.
Selon les conclusions des quatre journalistes indépendants qui ont mené une enquête professionnelle, seul le ministre des finances Yav Mulang est responsable de la débâcle du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, souligne Matata Ponyo .
Le premier ministre honoraire notera qu’il est évident que la démarche de l’IGF est plutôt politique et politicienne. “Quant à moi je peux affirmer que je n’ai pas détourné un dollar de ce projet et j’attends le meilleur inspecteur des finances pour démontrer le détournement d’un dollar américain de ce projet par le premier ministre Matata”, a-t-il martelé.
Pour rappel, l’Inspecteur général des finances, Chef de service, Jules Alingete avait déclaré dans sa communication du 18 novembre 2020 que sur un montant de 285 millions de dollars américains décaissé par le trésor public, seulement 80 millions de dollars américains ont réellement servi dont 40 millions ont été utilisés pour la Station électrique, et une perte de 205 millions de dollars américains enregistrée par l’État Congolais.
« L’inspection générale des finances avait également constaté que l’échec de ce projet était déjà planifié dans sa conception », a déclaré Jules Alingete.
Le Hautpanel