Avant de clore son discours au Sommet des trois bassins forestiers, samedi 28 octobre 2023, au Congo-Brazzaville, le Président Félix Tshisekedi a dénoncé l’agression de la République Démocratique du Congo par le Rwanda et il a lancé un appel à la paix et à l’unité en Afrique.
« Parce qu’en ce moment par exemple où nous parlons de ce sujet très important, hyper important la conservation de notre biodiversité, de nos forêts, il se passe actuellement dans le parc des Virunga, l’une des réserves naturelles les plus importantes au monde, en forêts, en biodiversité, un activisme armé qui met en mal cet écosystème, qui le détruit. Et cela n’a pas été décidé à Washington, à Paris, à Bruxelles ou à Londres. Ç’a été décidé en Afrique, et plus précisément à Kigali.
C’est l’œuvre d’un frère africain. C’est pour vous dire que nous devons bannir l’hypocrisie qu’il y a entre nous. Nous devons bannir des fléaux tels que le tribalisme, la haine de l’autre, et cela je crois que nous pourrions parler d’abattre nos barrières, d’effacer le tarif douanier etc. Tout simplement parce que, malgré nos engagements, rappelez-vous à l’Union africaine, l’horizon 2020 était l’objectif pour faire taire les armes en Afrique.
C’est devenu une chimère. Et nous ne nous en offusquons pas, nous ne condamnons pas. Et tant que ça sera comme ça, il faudra oublier toutes les bonnes initiatives telles que celle préconisée par le président Ruto. Nous devons avoir le courage de nous regarder entre Africains les yeux dans les yeux, et nous dire qu’on ne peut s’appeler frères et se poignarder dans le dos dans le même temps.
Nous devons arrêter de jeter nos responsabilités sur les étrangers non africains. La colonisation, ça fait une soixantaine d’années qu’elle avait terminée en Afrique. Ceux qui nous avaient colonisés, divisés, aujourd’hui, ils ont compris le sens de la paix. J’en ai pour la preuve : la France et l’Allemagne pour ne citer que ces deux pays qui étaient les meilleurs ennemis dans le passé, et sont de meilleurs amis aujourd’hui, les moteurs de l’Union européenne.
Tant que nous ne réfléchirons pas comme ça, ces gens-là, ces amis, ces partenaires, à qui nous rejetons la faute, ils continueront à nous prendre pour des irresponsables. Ils ne nous respecteront jamais.
J’ai suivi tout à l’heure avec attention l’adresse du président Macron. Toute sa bonne volonté à vouloir venir dans des partenariats, mais j’ai tout de suite compris par son attitude que c’était du politiquement correct. Il n’en croyait pas un mot, non parce que lui est menteur loin de là, parce que nous ne sommes pas sérieux, et eux, ils le savent. Le jour où nous mettrons fin ce à quoi nous assistons aujourd’hui, à l’est de la République démocratique du Congo par exemple, des voisins qui viennent semer la pagaille, la mort, la désolation uniquement dans le but de s’enrichir, de piller les ressources. Le jour où nous mettrons fin à ce genre des comportements, alors là oui nous aurons compris.
Parce que je suis désolé en tant que président de la République Démocratique du Congo et face à ce genre des choses, je ne suis pas tenté de construire des ponts, mais plutôt des murs pour sécuriser ma population. Et donc, pour clore mon propos et aussi le petit écart que j’avais fait de mon discours, je formule le vœu que les assises de Brazzaville lancent un nouveau départ pour la gestion durable de nos forêts, l’amélioration des conditions socio-économiques de nos populations et une meilleure protection de la planète.»
Le Hautpanel