Nicolas Sarkozy dénonce vigoureusement aujourd’hui, jeudi 16 janvier 2025, un “complot” ourdi par des “menteurs et des escrocs” à son encontre. L’ancien président français est jugé à Paris pour le financement présumé illégal de sa campagne présidentielle de 2007 par le gouvernement libyen dirigé par Mouammar Kadhafi.
Dans ses premières déclarations depuis le début du procès, Sarkozy, âgé de 69 ans, affirme : « Vous ne trouverez jamais un euro libyen, un centime libyen dans ma campagne. » Il se défend contre des accusations de corruption passive, de financement illégal de campagne, de dissimulation de détournement de fonds publics et d’association de malfaiteurs, des charges passibles de jusqu’à 10 ans de prison.
Le procès, qui se poursuit jusqu’au 10 avril, pourrait aboutir à un verdict à une date ultérieure. Sarkozy, avocat de formation, dénonce des « groupes de menteurs et d’escrocs », y compris le « clan Kadhafi », qu’il accuse d’avoir alimenté les accusations auprès des enquêteurs. Il exprime sa colère avec force et gestes énergiques, qualifiant cette affaire de « complot ».
Cette affaire émerge en mars 2011, lorsqu’une agence de presse libyenne rapporte que le gouvernement de Kadhafi a financé la campagne de Sarkozy en 2007. Sarkozy rappelle que les révélations sont apparues peu après sa déclaration selon laquelle “Kadhafi doit partir”. Il a été parmi les premiers dirigeants occidentaux à appeler à une intervention militaire en Libye en 2011. Kadhafi est tué en octobre de la même année, mettant fin à son règne de quatre décennies sur la Libye.
Sarkozy interroge la crédibilité des déclarations marquées, selon lui, par le sceau de la vengeance. Il affirme également qu’un document clé, présenté comme une note des services secrets libyens mentionnant un accord de 50 millions d’euros pour sa campagne, est un faux. Malgré l’authenticité reconnue du document par les juges en 2016, aucune preuve définitive d’une telle transaction n’a été trouvée.
L’ancien président exprime son indignation et sa colère au tribunal, déclarant qu’il n’y a pas d’argent de corruption parce qu’il n’y a pas eu de corruption du candidat. Les enquêteurs examinent plusieurs voyages en Libye effectués par des proches de Sarkozy, notamment son chef de cabinet Claude Guéant, entre 2005 et 2007.
Sarkozy rappelle qu’il a réussi à conclure un accord avec Kadhafi pour libérer des infirmières bulgares et un médecin palestinien quelques semaines après son arrivée au pouvoir en 2007. Il souligne sa fierté d’avoir accompli cela. Lors de sa visite à Tripoli, la France et la Libye signent des accords de coopération de grande envergure.
Le procès implique 11 autres accusés, dont trois anciens ministres. Ziad Takieddine, accusé d’avoir joué le rôle d’intermédiaire, est en fuite au Liban. Bashir Saleh, ancien chef de cabinet de Kadhafi, ne se présente pas non plus au procès, résidant actuellement aux Émirats arabes unis.
Sarkozy, déjà condamné dans deux autres affaires, voit dans l’affaire libyenne une menace pour son héritage. Le mois dernier, la Cour de cassation confirme une condamnation pour corruption et trafic d’influence, le condamnant à un an d’assignation à résidence avec bracelet électronique. En février dernier, il est reconnu coupable de financement illégal de campagne lors de sa tentative de réélection en 2012.