La version du budget adoptée ce vendredi 31 janvier par la Commission Mixte Paritaire (CMP) est très proche des propositions des deux chefs de file de la coalition gouvernementale, le sénateur Jean-François Husson (LR) et le député David Amiel (Renaissance). Peu de concessions ont été faites par le Parti Socialiste (PS), ce qui montre l’alignement des discussions sur la position des deux leaders de la majorité. L’objectif reste de limiter le déficit budgétaire à 5,4 %, comme prévu par Renaissance.
Les débats se sont déroulés sans heurts, avec une majorité gouvernementale qui a voté rapidement les propositions de rédaction présentées par MM. Husson et Amiel.
L’une des questions épineuses a été celle de l’Aide médicale d’État (AME), qui a opposé la droite aux macronistes. Deux propositions se sont affrontées : celle de M. Husson, qui proposait une réduction de 200 millions d’euros sur le budget de l’AME, et celle de M. Amiel, qui préférait une diminution plus modeste de 111 millions d’euros, correspondant au maintien des crédits de 2024. Finalement, c’est cette dernière proposition qui a été adoptée.
Les socialistes, qui souhaitaient maintenir les crédits à 1,3 milliard d’euros comme prévu initialement, ont dû accepter cette réduction, par crainte que la version plus sévère du Sénat ne soit retenue. Les critères d’accès à l’AME n’ont pas été modifiés, ce qui a satisfait la droite et le Rassemblement National (RN), mais déçu le PS.
À l’issue des discussions, les socialistes ont exprimé leur désaccord en votant contre le budget, affirmant leur position d’opposition. Toutefois, ils ont souligné qu’ils avaient réussi à atténuer certaines mesures, comme les effets sur le pouvoir d’achat des retraités et des patients, selon Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée. Ce dernier n’a pas voulu se prononcer sur la question de la censure, qui pourrait survenir la semaine prochaine, si le gouvernement décide d’utiliser le 49.3 pour adopter le budget sans un vote des députés, prévu pour le lundi 3 février.
Malgré cela, les socialistes ont mis en avant leurs « victoires » au fil des discussions. Ils ont ainsi obtenu des avancées sur le Fonds vert, l’agence bio, les transports quotidiens et le rétablissement de 4 000 postes d’enseignants, confirmés par la commission. Cependant, les autres groupes de gauche ont dénoncé une certaine « fermeture » des débats, et ont critiqué les reculs budgétaires en matière de réductions des dépenses. Pour Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l’Assemblée et membre de la France Insoumise, ce budget est même « pire que le budget Barnier ».
De son côté, la ministre déléguée aux Comptes publics, Amélie de Montchalin, a salué le compromis atteint par la CMP. Elle estime que ce budget permettra de sortir la France du « régime de service minimum » dans lequel elle se trouve depuis le début de l’année.
Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a également exprimé sa satisfaction, soulignant l’importance de ce budget pour l’avancement du pays.