Le scrutin à deux tours pourrait porter l’extrême droite française au pouvoir pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, permettant au chef du Rassemblement National (RN), Jordan Bardella, 28 ans, protégé de Marine Le Pen, de former un gouvernement.
L’extrême droite française a remporté dimanche 30 juin 2024, le premier tour des élections législatives cruciales, le parti du président Emmanuel Macron n’arrivant qu’en troisième position derrière la gauche après le taux de participation le plus élevé depuis plus de quatre décennies, selon les estimations.
Mais il reste difficile de savoir si le Rassemblement national (RN) d’extrême droite de Marine Le Pen remportera la majorité absolue des sièges à la nouvelle chambre basse de l’Assemblée nationale au second tour du 7 juillet et revendiquera le poste de Premier ministre.
Macron avait stupéfié la nation et déconcerté même certains alliés en convoquant des élections anticipées après que le RN ait battu ses forces centristes aux élections au Parlement européen ce mois-ci.
Ce pari risque de se retourner contre lui, puisque l’alliance de Macron devrait désormais remporter une minorité bien plus réduite au Parlement, ce qui ferait du président une figure bien moins puissante pour les trois années restantes de son mandat.
Les projections des principaux cabinets de sondage français donnent au RN 34,5 pour cent des voix, contre 28,5 à 29,1 pour cent pour l’alliance de gauche Nouveau Front populaire et 20,5 à 21,5 pour cent pour le camp de Macron.
Les instituts de sondage estiment que cela donnerait au RN une majorité de sièges à l’Assemblée nationale qui en compte 577 après le second tour et une possible majorité absolue.
Dans un communiqué, Macron a appelé à une “large” alliance contre l’extrême droite au second tour.
Julien Martin, architecte de 38 ans, qui a voté à Bordeaux (sud-ouest), a déclaré : « Ce ne sont pas des élections faciles, les résultats sont très incertains et les répercussions pourraient être graves pour la société. »
« L’avenir me fait peur »
Alors que les Français sont confrontés à leurs choix les plus polarisants de l’histoire récente, la participation a grimpé en flèche. L’organisation Elabe prévoit une participation finale de 67,5 %, soit la plus forte participation à une élection législative régulière en France depuis 1981.
Le taux de participation final en 2022 n’a été que de 47,5 %.
Le second tour du 7 juillet verra le second tour des votes se dérouler pour les sièges où il n’y avait pas de majorité absolue, permettant ainsi à la composition finale de l’Assemblée nationale de prendre forme.
Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine dure depuis trois ans et que les prix de l’énergie et des denrées alimentaires sont bien plus élevés, le soutien au parti anti-immigration et eurosceptique RN a bondi malgré les promesses de Macron d’empêcher son ascension.
Le scrutin à deux tours pourrait placer l’extrême droite au pouvoir en France pour la première fois depuis l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale et donner au chef du parti RN, Jordan Bardella, 28 ans, un protégé de sa dirigeante de longue date Marine Le Pen, la chance de former un gouvernement.
Cela créerait une période de « cohabitation » tendue avec Macron, qui s’est engagé à terminer son mandat jusqu’en 2027. Bardella a déclaré qu’il ne formerait un gouvernement que si le RN remportait la majorité absolue aux élections.
À Marseille, dans le sud du pays, Nabil Agueni a déclaré avoir fait l’impasse sur les élections européennes mais avoir voté dimanche.
“Tant qu’on a le choix, mieux vaut aller voter”, estime le quadragénaire.
Nicole Cherprenet, électrice parisienne de 79 ans, ajoute : “L’avenir me fait peur”.
L’alliance de gauche Nouveau Front populaire a exhorté ses partisans à se rassembler dimanche soir dans le centre de Paris.
Certains commerçants de grandes villes, dont Lyon et Rennes, ont placardé leurs devantures en prévision d’éventuelles émeutes, même si aucun trouble n’a été signalé dans l’immédiat.
La décision de Macron d’organiser des élections anticipées a plongé le pays dans la tourmente politique et suscité de l’incertitude dans la deuxième économie européenne.
La Bourse de Paris a subi en juin sa plus forte baisse mensuelle depuis deux ans, avec une baisse de 6,4%, selon les chiffres publiés vendredi.
Source : AFP