L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, est aujourd’hui complètement isolé.
Revenu discrètement dans le pays par Goma, une ville contrôlée par les rebelles du M23, il est absent des grandes négociations de paix qui se déroulent actuellement à Washington et à Doha.
Le gouvernement de Kinshasa, quant à lui, avance sans lui, signant des accords de paix avec le Rwanda et discutant de gros projets miniers avec les États-Unis.
Pendant ce temps, Kabila reste bloqué à Goma. Après quelques rencontres avec les rebelles, la société civile locale et certains chefs coutumiers, il ne fait plus aucun geste public.
Sentant sa mise à l’écart, il a envoyé son ancien conseiller diplomatique, Barnabé Kikaya Bin Karubi, à Washington pour tenter de faire entendre sa voix.
Ce dernier affirme que régler la crise congolaise sans dialogue interne serait une grave erreur. Il décrit Kabila comme un homme de paix, qui veut parler et non se battre.
Mais à Kinshasa, on ne veut plus de lui. Le gouvernement l’accuse d’avoir boycotté les élections de 2023 pour préparer une insurrection aux côtés de Corneille Nangaa et des rebelles de l’AFC. Résultat : il est écarté de toutes les discussions officielles.
La ministre des Affaires étrangères l’a clairement dit : aucun rôle n’est prévu pour Joseph Kabila dans le processus de paix en cours.
Kabila mise maintenant tout sur une autre piste : le dialogue national proposé par les chefs religieux de la CENCO et de l’ECC.
Ces évêques ont été reçus par le président Félix Tshisekedi le samedi 21 juin 2025, et ont remis un rapport recommandant un dialogue inclusif avec tous les acteurs politiques. Tshisekedi a promis de réfléchir à cette proposition en créant une équipe spéciale.
Ce dialogue serait peut-être la dernière chance pour Kabila de revenir dans le jeu politique. Il a d’ailleurs salué l’initiative des évêques et se dit prêt à y participer si elle se concrétise. Son entourage affirme que s’il y a une table de discussion, Kabila s’y assiéra.
Mais tout le monde ne croit pas à ses bonnes intentions. Beaucoup se demandent s’il n’a pas voulu s’appuyer sur le Rwanda pour reprendre le pouvoir.
Il serait même passé par Kigali avant de rejoindre Goma. Selon certains analystes, comme François Soudan de Jeune Afrique, Kabila espère un changement de régime à Kinshasa.
Mais pour le Rwanda, il ne serait qu’un outil de pression sur Tshisekedi, pas un véritable partenaire.
De son côté, Tshisekedi renforce sa position. Il obtient une résolution de l’ONU contre le M23, se rapproche de ses anciens adversaires comme Martin Fayulu, et gagne du terrain diplomatiquement. Kabila, lui, est affaibli.
La levée de son immunité parlementaire à cause de ses liens présumés avec les rebelles l’empêche de revenir sur le devant de la scène.
Dans ce contexte, la seule carte qu’il lui reste à jouer est celle du dialogue proposé par les églises. Sauf surprise, c’est peut-être sa dernière chance.