La République démocratique du Congo renferme près de 2/3 des tourbières du monde qui contiennent 30 milliards de tonnes de carbone, soit l’équivalent de près de trois années d’émissions mondiales de gaz à effet de serre selon l’Initiative des forêts d’Afrique centrale(CAFI).
La forêt du Bassin du Congo est la deuxième plus grande forêt tropicale du monde et abrite la deuxième plus grande tourbière tropicale récemment découverte couvrant la République du Congo et la République démocratique du Congo.
Une tourbière, par définition, est une zone humide, colonisée par la végétation, dont les conditions écologiques particulières permettent la formation d’un sol constitué d’un dépôt de tourbe. Ces écosystèmes se caractérisent, en premier lieu, par un sol saturé en permanence d’une eau stagnante ou très peu mobile privant de l’oxygène nécessaire à leur métabolisme les micro-organismes (bactéries et champignons) responsables de la décomposition et du recyclage de la matière organique. Dans ces conditions asphyxiantes (anaérobiose), la litière végétale ne se minéralise que très lentement et très partiellement. Elle s’accumule alors, progressivement, formant un dépôt de matière organique mal ou non décomposée : la tourbe.
Les tourbières présentes au centre du bassin du Congo s’étendent sur 145.500 km2, et stockent quelque 30 milliards de tonnes de carbone, l’équivalent de trois ans d’émissions mondiales de CO2.
Après Lokolama en 2017, les scientifiques de l’Université de Leeds (Royaume Uni) et ceux de l’Université de Kisangani (République démocratique du Congo) ont mené de nouvelles recherches dans la forêt d’Ingende, le long de rivières Ruki et Busira dans la province de l’Equateur en République démocratique du Congo. Ces recherches lancées en mi-juin, ont pris 2 mois. Les chercheurs ont parcouru quatre transects de 6 à 10 kilomètres chacun, pour prélever des échantillons d’eau et tourbe, des végétations forestières, et mesurer le flux de gaz à effet de serre provenant de sol et des arbres.
La plus importante réserve de tourbières au monde avait été découverte en 2017, dans la localité de Lokolama (55 km de Mbandaka – capitale de la province de l’Equateur), en territoire de Bikoro, dans le Nord de la RDC. La découverte était l’œuvre d’une équipe de scientifiques congolais et de chercheurs britanniques de l’université de Leeds, a fait savoir Greenpeace.
“Cette réserve de tourbières (peatlands) contient des espèces mesurant entre 3.37 et 3,50m de profondeur et datant de plus de 10 mille ans”, indique le communiqué publié par l’ONG.
“Ces tourbières tropicales peuvent contenir jusqu’à 350 milliards de tonnes de carbone. Les tourbières sont très importantes dans la régulation du climat grâce à leur grande capacité de stockage du dioxyde de carbone”, a poursuivi le document.
Les tourbières tropicales constituent l’un des principaux puits de carbone de la planète, mais elles sont menacées par certaines activités, telles que l’agriculture, les aménagements et l’exploitation minière. Dans une publication spéciale qui présente les dernières découvertes sur les forêts de marécages tourbeux en Indonésie, en Amazonie et dans le bassin du Congo, les gouvernements sont appelés à partager leurs enseignements.
« Les tourbières représentent une véritable opportunité de lutter contre le changement climatique, mais pour cela, nous avons besoin que les décideurs politiques et les scientifiques travaillent main dans la main pour élaborer des stratégies solides », a déclaré Daniel Murdiyarso, expert scientifique principal du Centre de recherche forestière internationale, au nom des autres rédacteurs invités, Erik Lilleskov et Randy Kolka des Service forestier des États-Unis. « Il est également primordial que les pays partagent leurs connaissances sur la conservation et la gestion des tourbières, afin d’éviter de se heurter deux fois à la même difficulté », a-t-il ajouté.
La République démocratique du Congo détient un levier important face au réchauffement climatique car les tourbières d’Amazonie et du bassin du Congo sont bien moins dégradées, et représentent une réserve importante de CO2(carbone) du monde.
C’est à nos dirigeants politiques et chercheurs scientifiques de bien utiliser ces données pour la protection de cette végétation qui risque de prendre le même chemin non durable ( exploitation pétrolière, exploitation des bois, etc) si aucune disposition n’est prise, alertent les chercheurs.
Le Hautpanel