En ce Lundi 13 janvier 2025, en République démocratique du Congo, l’ancien président Joseph Kabila prépare-t-il son retour politique ? En tout cas, il discute en décembre 2024 avec son ancien opposant, Moïse Katumbi, à Addis-Abeba. Cette rencontre soulève des questions alors que l’entourage de Martin Fayulu, une autre figure de l’opposition congolaise, affirme qu’il avait également été invité à cette entrevue en Éthiopie. Explications.
Les deux hommes se rencontrent vraisemblablement le 18 décembre 2024, en Éthiopie. Cependant, l’information n’est officialisée que le 26 décembre par un communiqué commun. Dans ce texte, signé par un proche de Moïse Katumbi, Olivier Kamitatu, il est écrit que les deux hommes sont préoccupés par la crise sécuritaire et politique que traverse la RDC. Ils lancent un appel à la paix et à l’unité nationale, tout en soulignant l’importance et l’urgence du respect des droits fondamentaux, aujourd’hui bafoués, ainsi que de la préservation de la démocratie et de l’État de droit, qui laissent place à l’oppression et à la dictature. Ils appellent les Congolais à résister face à la volonté affichée par le pouvoir en place de rompre le pacte républicain, fruit d’un large consensus national ayant permis la réunification et la stabilité du pays, ainsi que le rétablissement des institutions démocratiques, au risque d’exacerber les divisions au sein de la population congolaise et d’achever le délitement de la Nation. Joseph Kabila et Moïse Katumbi sont donc farouchement opposés à une révision constitutionnelle, projet porté par le camp au pouvoir. Ils demandent aux autres forces politiques de se joindre à ce combat.
Quant à une alliance, il est encore trop tôt pour l’affirmer. Toutefois, l’opposition essaie de s’organiser pour créer un front contre la modification de la Constitution. Le premier acte a été un communiqué commun signé par plusieurs tendances politiques : le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de Joseph Kabila, l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (Écide) de Martin Fayulu, ainsi qu’Ensemble de Moïse Katumbi. Cependant, il n’y a pas eu d’action commune entre tous ces partis politiques depuis. D’autres opposants, comme Delly Sesanga, sont également sur la ligne « ne touche pas à ma Constitution », sans pour autant avoir rejoint ce front. Le docteur Denis Mukwege se positionne aussi contre le changement constitutionnel, sans toutefois s’afficher avec d’autres personnalités politiques.
Il faut noter que l’opposition n’a pas réussi à s’unir lors de la présidentielle de décembre 2023. Néanmoins, une alliance n’est pas exclue, des discussions étant en cours.
Selon les informations de RFI, Martin Fayulu a été approché pour participer à la rencontre. Toutefois, il a choisi de ne pas y répondre favorablement, estimant qu’il fallait agir en RDC pour mobiliser l’opposition, et non sur la scène internationale. Cependant, une rencontre via le clan Katumbi reste possible, ce que le camp Fayulu reconnaît ouvertement. Quant à une alliance entre Martin Fayulu et Joseph Kabila, cela semble difficiles, car les deux hommes ne sont pas proches et se sont opposés sur plusieurs sujets. Néanmoins, ils pourraient se retrouver sur la question de la Constitution.
Enfin, la rencontre entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi, qui était initialement prévue à trois, a finalement eu lieu en tête-à-tête, Joseph Kabila rencontrant aussi un autre opposant, l’ancien député Claudel Lubaya, à Addis-Abeba. Cette rencontre n’est pas une réconciliation, car les deux hommes s’étaient déjà rencontrés officiellement en mai 2022. C’est néanmoins la première sortie politique de Joseph Kabila depuis juin 2023, quand il avait réuni des responsables de son parti.