Des personnalités politiques et sociales congolais de différentes tendances ont lancé samedi 11 juillet 2020, un appel en faveur d’un consensus national sur les reformes électorales, après l’analyse de la situation générale du pays .
Après les pertes en vies humaines enregistrées lors des manifestations du 09 Juillet 2020, sur toute l’étendue du territoire national, pour protester contre l’entérinement par l’Assemblée nationale de Ronsard Malonda, comme président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les personnalités politiques et sociales déclarent que “le sang doit cesser de couler . La vie humaine est sacrée. Et le Congo est notre bien commun”.
Voici l’intégralité de cet appel :
“Le sang doit cesser de couler .La vie humaine est sacrée. Et le Congo est notre bien commun.”
Nous, personnalités politiques et sociales de différentes tendances avons décidé de nous réunir ce samedi 11 juillet 2020 aux fins d’analyser la situation générale du pays et relevons ce qui suit :
1.Le Congo est en crise. La situation du pays va de mal en pis ! L’intégrité du territoire est gravement menacée. Dix-huit mois après la mise en place des institutions issues des élections de décembre 2018, du fait de la coalition postélectorale FCC-CACH érigée en majorité parlementaire et gouvernementale, la crise sanitaire due à la pandémie de la COVID-19 a renforcé l’état de décrépitude socio-politique et socio-économique sans précédent dans lequel se trouve notre pays.
2. Sur le plan politique, la coalition au pouvoir, perdue dans ses contradictions internes, s’essouffle, cette situation plonge notre pays dans une inertie qui empêche dans la durée, tout fonctionnement optimal de nos institutions désormais antagonistes. Les conséquences de ces contradictions d’intérêts au sein de la coalition FCC-CACH, parfaitement Illustrées dans l’enlisement de l’action gouvernementale, étouffent la nation tout entière qui vit au rythme de ses guerres intestines.
3. Cette inefficience couplée au manque de confiance entre partenaires de ladite coalition au pouvoir explique un dysfonctionnement et violations des principes fondamentaux d’une démocratie et d’un État de droit. Le pays est désormais divisé sur des sujets qui devraient pourtant le rassembler : tels les cas des propositions de lois relatives à la réforme de l’appareil judiciaire et de la procédure menée à l’assemblée nationale en vue de l’entérinement du choix du Président de la CENI, tous révélateurs de ces dysfonctionnements et de la méfiance au sein de la coalition qui dirige le pays.
4. Sur le plan sécuritaire, l’intégrité du territoire et l’autorité de l’État sont menacées par la présence de plus de sept armées étrangères sur notre territoire et le long de nos frontières et plus de 140 groupes armés opérant dans l’Est du pays.
Nos compatriotes du Haut Uele, de l’Ituri, du Sud Kivu, ainsi que ceux du Tanganyika paient un lourd tribut du fait de l’inefficience totale de l’Etat congolais qui suscite un sentiment d’abandon de la part des populations concernées créant ainsi des velléités séparatistes ou irrédentistes telles que l’exhibition des drapeaux inconnus dans le Sud Kivu et le Haut Katanga.
Nous serions bien mal inspirés d’ignorer ces faits ou d’en banaliser les conséquences.
5. Sur le plan socio-économique, les populations congolaises au pouvoir d’achat très faible, agonisent désormais sous la brusque flambée des prix, conséquente à une inflation galopante et à la dépréciation de la monnaie nationale. Quant au chômage déjà endémique, il est amplifié à la suite de la récession provoquée par la crise sanitaire de la COVID-19, avec autant d’incertitudes autour de sa persistance qui font craindre le pire sur le plan social.
6. Sur le plan sanitaire, la pandémie de la Covid-19 a révélé la défaillance de l’action gouvernementale dans le domaine de la santé publique. Malgré les énormes ressources conséquentes allouées à la riposte contre elle, notre pays navigue à vue et demeure dans l’expectative quant à la gestion de cette pandémie qui pourtant s’inscrit dans la durée.
Face à la gravité de la situation et dans le but de prévenir un enchaînement vers le chaos, nous, soussignés, signataires du présent appel :
1.Exhortons l’ensemble des dirigeants politiques et toutes les forces vives de la nation à rechercher le consensus sur le processus électoral, dans le cadre d’un forum strictement limité au processus électoral en vue de baliser la voie à un processus électoral transparent et apaisé à l’horizon 2023 :
-la réforme de la CENI ;
-la révision de la Constitution, l’exclusion de l’article 220 et dans le respect de celui-ci, (Rétablir les deux tours de l’élection présidentielle (art. 71), ramener la décentralisation au niveau des territoires, villes et communes (art.3), élargir la composition du conseil supérieur de la magistrature (art.152),
-les orientations essentielles sur la loi électorale (inclusivité et renforcement de la crédibilité du processus)
-l’Installation du Bureau de la CENI.
2.Appelons le peuple congolais ainsi que tous les responsables politiques et sociaux à transcender les clivages de toutes sortes pour avancer dans cette voie de la concorde nationale et du respect des valeurs républicaines et démocratiques tant espérés depuis les lendemains de notre accession à l’indépendance voici 60 ans.
3.Invitons le Président de la République à entreprendre avec son gouvernement, dans le cadre de sa mission de garant du bon fonctionnement des institutions, l’initiative pour engager la communauté nationale dans la recherche de ce consensus nécessaire sur le processus électoral autour des opinions susceptibles de favoriser la concorde nationale.
4.Demandons à nos compatriotes des toutes les tendances politiques et sociales de soutenir massivement le présent appel en vue de préserver la paix, sauver des vies humaines, œuvrer à la promotion des institutions démocratiques, et éviter le chaos qui se profile à l’horizon.
Les signataires
Les Députés nationaux : Henri Thomas Lokondo ; Makengo Ngombe ; Patrick Muyaya ; Claudel André Lubaya ; Delly Sesanga ; Juvenal Munobo ; Jean Marc Mambidi ; Jean Jacques Mamba ; Jacques Ndjoli
Société Civile : Paul Nsapu ;
Ancien DG OCPT : Muongo Jean –Pierre ;
Ancien Vice-Premier Ministre : Mukoko Samba.
Le Hautpanel
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