Dans une déclaration conjointe faite ce mardi 4 janvier 2022, l’Union européenne et la Troïka (Norvège, Royaume-Uni et États-Unis), soulignent qu’ils ne soutiendront pas un Premier ministre ou un gouvernement nommé sans la participation d’un large éventail d’acteurs civils soudanais.
C’est pourquoi, ils estiment travailler avec un gouvernement et un parlement de transition, qui jouissent d’une crédibilité auprès du peuple soudanais et peuvent conduire le pays à des élections libres et équitables en priorité.
Ci-dessous, l’intégralité du communiqué :
L’Union européenne et la Troïka (Norvège, Royaume-Uni et États-Unis) soulignent leur soutien continu aux aspirations démocratiques du peuple soudanais. Abdallah Hamdok a joué un rôle majeur dans la direction des réformes démocratiques et économiques du Soudan. Sa démission en tant que Premier ministre soudanais, deux mois après la prise de pouvoir inconstitutionnelle par l’armée, renforce le besoin urgent pour tous les dirigeants soudanais de réaffirmer leur engagement en faveur de la transition démocratique du pays et de répondre aux demandes de liberté, de paix et de justice du peuple soudanais. Aucun acteur soudanais ne peut accomplir seul cette tâche.
Alors que l’Union européenne et la Troïka continueront de soutenir la transition démocratique au Soudan, les parties prenantes soudanaises devront travailler sur la base de la Déclaration constitutionnelle de 2019 sur la manière de surmonter la crise politique actuelle du pays, de sélectionner de nouveaux dirigeants civils et d’identifier des délais clairs et les processus pour les tâches de transition restantes – y compris l’établissement des branches législative et judiciaire du gouvernement, la création de mécanismes de responsabilisation et la préparation des bases pour les élections.
Une action unilatérale visant à nommer un nouveau Premier ministre et un nouveau Cabinet saperait la crédibilité de ces institutions et risquerait de plonger la nation dans le conflit. Pour éviter cela, nous exhortons vivement les parties prenantes à s’engager dans un dialogue immédiat, dirigé par le Soudan et facilité par la communauté internationale, pour aborder ces questions et d’autres questions de transition. Un tel dialogue devrait être pleinement inclusif et représentatif des groupes historiquement marginalisés, inclure les jeunes et les femmes, et aiderait à remettre le pays sur la voie de la démocratie.
L’Union européenne et la Troïka ne soutiendront pas un Premier ministre ou un gouvernement nommé sans la participation d’un large éventail d’acteurs civils. Nous sommes impatients de travailler avec un gouvernement et un parlement de transition, qui jouissent d’une crédibilité auprès du peuple soudanais et peuvent conduire le pays à des élections libres et équitables en priorité. Cela sera nécessaire pour faciliter l’aide économique de l’Union européenne et de la Troïka au Soudan. En l’absence de progrès, nous chercherions à accélérer les efforts pour obliger les acteurs qui entravent le processus démocratique à rendre des comptes.
À ce stade critique, nous continuons de tenir les autorités militaires pour responsables de violations des droits humains contraires à la législation nationale et au droit international en vigueur. Le droit du peuple soudanais de se réunir pacifiquement et d’exprimer ses revendications doit être protégé. Nous attendons des services de sécurité et des autres groupes armés qu’ils s’abstiennent de recourir davantage à la violence contre les manifestants pacifiques et les civils à travers le pays, en particulier au Darfour.
Le meurtre de dizaines de Soudanais, les violences sexuelles et les blessures de centaines d’autres par les services de sécurité et d’autres groupes armés depuis la prise de contrôle militaire du 25 octobre sont inacceptables. Nous réitérons la nécessité d’enquêtes indépendantes sur ces décès et les violences qui y sont associées, et demandons que les auteurs soient tenus de rendre des comptes. Les attaques contre les hôpitaux, les détentions d’activistes et de journalistes, et les coupures de communication doivent également cesser. Nous demandons une fois encore la libération de toutes les personnes injustement détenues et la levée immédiate de l’état d’urgence.
Le peuple soudanais a parlé aussi fort et clairement qu’en 2019. Il rejette le régime autoritaire et souhaite que la transition vers la démocratie se poursuive. Les dirigeants soudanais doivent maintenant montrer qu’ils sont à l’écoute.
Le Hautpanel