Gisela Van Houcke, PDG et Fondatrice de l’entreprise « Zuri » promeut la beauté des femmes noires et femmes africaines grâce à la première marque de beauté noire au monde. Finaliste du concours Africa’s Business Heroes 2023, Gisela s’est confiée à la rédaction de Lehautpanel.com au cours d’une interview exclusive.
Native de Goma en République Démocratique du Congo, Gisela s’est lancée dans la conquête du monde à l’aide de son entreprise « Zuri », une organisation qui met en valeur la beauté des femmes noires. Dès le départ, elle avait détecté un besoin lié au secteur de la beauté qui exposait les femmes noires à la merci des produits destinés aux teints clairs. Face à cette opportunité et ce défi pour révolutionner les choses, Gisela va lancer des recherches pour connaitre les raisons de cet écart. D’où l’idée de créer « Zuri ».
« Je me suis lancée, je me dit, je vais essayer de faire des recherches, et ce que j’ai trouvé était que la raison pour laquelle il n’y avait pas beaucoup de produits pour femmes africaines, et surtout de teint foncé comme moi, c’était parce qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes africaines dans les entreprises qui les font, je me suis rendu compte qu’il y avait pas mal des chinois, des indiens ou des internationaux qui avaient les entreprises de beauté, en tout cas, c’est eux qui produisaient les produits de beauté qu’on trouvait sur le marché.
Et donc, je me suis dit, je vais créer une entreprise qui change cela. Je vais créer une entreprise qui servira à promouvoir la femme africaine, à avoir plus de femmes africaines dans le secteur de la beauté, figurez-vous que le secteur de la beauté est un secteur qui vaut 12 milliards de dollars et qui s’agrandit de 20% tous les ans. Je me suis dit que la clé pour que ce secteur se développe aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, c’était qu’il fallait avoir plus de femmes dans ce secteur. Et donc, j’ai créé Zuri dans ce sens-là.
Au départ, nous étions juste une entreprise qui vendait des extensions capillaires avec une page sur Facebook, et très rapidement nous avons lancé notre chaîne de salons de coiffure, qui aujourd’hui est active dans plusieurs pays dont la RDC. En RDC, nous sommes à Kinshasa, Lubumbashi, Kolwezi, Goma ; Et nous sommes aussi en Ouganda, au Rwanda… en Europe, aux Etats-Unis et après nous avons lancé notre propre ligne des produits cosmétiques », a déclaré Gisela.
Elle estime que la femme africaine a un talent inné pour mieux évoluer dans le secteur de la beauté et offrir les produits adaptés à la peau noire, mais elle note que le financement de ces entreprises ou startups représente un défi majeur en Afrique. Au regard de cela, Gisela Van Houcke souligne que son ascension dans ce secteur est une preuve qu’elle a cru en elle et s’est donnée les moyens de son ambition afin de voir « la femme africaine être fière » dans sa peau.
« Pour moi, la grande motivation était vraiment juste de voir la femme africaine réussir. Aujourd’hui, on se plaint de l’inégalité entre femmes et hommes sur le marché du travail par exemple, mais la femme africaine, c’est quelqu’un qui a une capacité presque innée lorsqu’il s’agit des produits de beauté et des services de beauté.
Aujourd’hui, moi personnellement, je ne connais pas beaucoup de femmes africaines qui sont coiffeuses, ou maquilleuses, etc, qui les sont parce qu’elles ont été dans de grandes écoles pour faire cela. Donc beaucoup de coiffeuses aujourd’hui en Afrique, beaucoup de maquilleuses, beaucoup des gens qui sont dans le secteur de la beauté, elles y sont parce que ça fait depuis longtemps, elles font le travail, parce qu’elles faisaient les cheveux de leurs tantes quand elles étaient petites, parce qu’elles ont appris à le faire en le faisant. Ce n’est pas forcement parce qu’elles ont fait de grandes écoles. Et il y en a beaucoup qui réussissent aujourd’hui. Donc, moi je me suis dit, imaginez-vous si on ajoutait une formation particulière à cela, imaginez-vous si on rajoutait un financement à cela.
Aujourd’hui, la femme africaine malheureusement a du mal à avoir un financement au niveau international et au niveau de l’Afrique, pas beaucoup de gens veulent financer les entreprises de femmes africaines.
Donc moi, je me suis dit, pourquoi doit-on attendre les internationaux pour venir faire ça à notre place. Je me suis dit voilà, je vais prendre les choses en mes propres mains, nous allons essayer de nous financer nous-mêmes, nous allons essayer de nous soutenir nous-mêmes, et donc c’était vraiment ça ma motivation, et de dire que la femme africaine a déjà quelque chose d’innée ou presque, et donc il suffisait vraiment de l’appuyer, de la pousser et de la promouvoir pour la voir aller plus loin », a-t-elle précisé.
Concernant la concurrence sur le marché cosmétique, Mme Gisela a affirmé avec force que son organisation « Zuri » est très bien équipée pour faire face à n’importe quel concurrent, quelle que soit sa taille ou sa renommée. Car l’originalité de Zuri est de promouvoir la femme noire, la femme africaine.
« Nous sommes très très bien équipés pour faire face à toute sorte d’entreprise au niveau national, au niveau de l’Afrique et au niveau international. Parce que comme je venais de vous l’expliquer, notre entreprise, notre marque « Zuri » est partie d’un espace où l’on voulait d’abord comprendre le besoin de la femme africaine, le besoin de la femme noire, contrairement à ces grandes entreprises qui commercialisaient déjà leurs produits en Afrique. Nous, on a voulu d’abord partir, parce que le grand problème qu’on avait trouvé chez ces grandes entreprises, ce qu’elles n’avaient pas forcement la connaissance des besoins de la femme, qui sont aujourd’hui évidemment nos clientes, d’où le parcours de nos produits et services, sans parler de la qualité de nos produits, sans parler de la marque que nous avons créée aujourd’hui, qui font en sorte que ces femmes noires se retrouvent dans nos produits et services ».
Tout en reconnaissant l’intérêt particulier qu’a Zuri pour la promotion de la femme noire, la femme africaine, en redonnant à ces dernières leur place au sein de la société à travers la beauté et la technologie, Gisela Van Houcke a fait savoir que son entreprise offre également des services pour les hommes.
Face au phénomène de plus en plus en vogue dans la société africaine, celui de voir les femmes noires s’éclaircir la peau, la CEO de Zuri a déclaré que les femmes ont la liberté et le choix d’appliquer les produits qui sont bons, mais elle indique que si le produit choisi conduit à de problèmes de santé, les femmes doivent abandonner ces produits. A la place, choisir Zuri pour les teints foncés.
Elle souligne que son organisation n’a pas de limite en Afrique et dans le monde. Loin d’elle l’idée de faire la politique, en tant que femme africaine, elle s’est lancée dans la mission de rendre belles les femmes noires de partout ailleurs.
« Moi personnellement, je ne suis pas politicienne, je ne suis pas pour la politique, je suis africaine et je me considère comme africaine, femme africaine n’importe où, en République Démocratique du Congo, au Rwanda, en Ouganda de partout ailleurs, pour moi, ce sont nos sœurs, ce sont les personnes pour qui nous nous sommes lancées dans cette mission. Et donc nous servons ces femmes de la même façon dans toutes les entités dans lesquelles nous sommes, voilà pourquoi on a aucune limite, on n’a pas mal des réussites dans ces différents pays, parce que les femmes comprennent notamment que nous sommes là pour elles, qui qu’elles soient où qu’elles soient », a déclaré Gisela Van Houcke.
Par ailleurs, Mme Gisela a tenu à encourager les femmes noires, les femmes africaines à croire en elles, en leur beauté, en leur compétence et de s’affirmer en tant que telles.
« J’ai un message à lancer, je voudrais vraiment encourager les femmes africaines, j’aimerais encourager les femmes noires dans différents endroits, que vous soyez de la diaspora ou que vous soyez en Afrique, sachez que vous vous êtes belles comme vous êtes, vous êtes battantes, vous savez aller au-delà de vos objectifs », a-t-elle souligné avant de déclarer que son organisation est ouverte aux nouveaux partenariats et à tout soutien.
Pour rappel, Zuri est une entreprise fondée en 2016 par Gisela Van Houcke. Elle est originaire de l’est de la République Démocratique du Congo où elle a vécu jusqu’à son adolescence. Elle a dû fuir au Royaume-Uni en 2003 en raison des guerres et de l’instabilité politique dans la région.
Elle est titulaire d’une licence en droit anglais et français. Elle a quitté le domaine juridique dans le but d’autonomiser les femmes noires et de créer la première marque de beauté noire au monde. Gisela est mariée et mère de deux enfants.
Elle était la seule femme africaine francophone dans la catégorie « affaires », dans le classement « Forbes Under 30 », qui est dominé par de jeunes entrepreneurs d’Afrique anglophone.
Le Hautpanel