À quelques semaines du procès de Roger Lumbala devant la cour d’assises de Paris, ses avocats français tirent la sonnette d’alarme.
Philippe Zeller, Hugues Vigier et Roxane Best critiquent l’usage par la France de la compétence universelle, jugeant que ce procès constitue un détournement de ce mécanisme juridique.
Roger Lumbala, ancien ministre, député et sénateur de la RDC, doit être jugé à partir du 13 novembre pour complicité de crimes contre l’humanité, des faits remontant à la deuxième guerre du Congo (1998-2003).
Les avocats dénoncent une procédure « hors sol », menée à 8 000 kilomètres des lieux des crimes, sans enquêteurs dépêchés en RDC.
Selon eux, ce procédé viole les droits de la défense et ignore la souveraineté de la RDC.
Depuis 2013, la RDC a demandé à plusieurs reprises l’extradition de Roger Lumbala, mais Paris n’a jamais répondu officiellement.
Pour les avocats, ce silence va à l’encontre du principe de subsidiarité : la RDC devrait être prioritaire pour juger les crimes commis sur son territoire.
Ils parlent d’un « permis d’ingérence judiciaire » et accusent la France de néo-colonialisme judiciaire, jugeant que ce procès reflète une approche paternaliste où les juridictions du Nord se substituent aux États du Sud, au détriment des victimes et des réalités locales.
Les avocats demandent à la France de reconnaître la compétence de la RDC, de répondre aux demandes d’extradition et de mettre fin à une procédure qu’ils jugent illégitime.
“Ce procès n’a pas lieu d’être à Paris”, concluent-ils, estimant que la justice universelle ne doit pas s’imposer au détriment de la souveraineté d’un autre État.