À Gaza, les bombardements israéliens ont tout détruit. Des immeubles transformés en poussière, des hôpitaux éventrés, des routes effacées.
Selon l’ONU, plus de 60 % des logements sont détruits ou gravement endommagés, et entre 37 et 51 millions de tonnes de débris jonchent le territoire. Sous ces gravats gisent des vies brisées, des souvenirs perdus et un avenir incertain.
La reconstruction s’annonce colossale. Selon la Banque mondiale, l’Union européenne et l’ONU, 53 milliards de dollars seraient nécessaires pour rebâtir Gaza.
Mais le problème ne se limite pas à l’argent. Avant même de reconstruire, il faut dégager les gravats, un travail dangereux qui pourrait prendre de cinq à huit ans.
Ces débris contiennent des munitions non explosées, de l’amiante et des déchets toxiques, et leur évacuation dépendra de la libre circulation des camions et des engins, un point qui reste sous contrôle militaire israélien.
Lorsque le déblaiement sera possible, la reconstruction impliquera une combinaison d’aide humanitaire, d’entreprises locales et internationales.
Les grandes sociétés égyptiennes, déjà prêtes à intervenir, devraient ouvrir la voie, suivies par des entrepreneurs palestiniens, artisans et ingénieurs, qui devront travailler dans des conditions extrêmes.
Mais tout cela suppose un cessez-le-feu durable et un accès logistique clair, sans quoi aucun chantier ne pourra se réaliser.
La priorité sera le logement, représentant environ 30 % du coût total, ainsi que les infrastructures vitales : eau, électricité, hôpitaux et écoles.
Mais décider qui construit, qui bénéficie et par quoi commencer risque d’être un casse-tête politique.
Dans les camps improvisés de Rafah, Deir al-Balah ou Jabalia, des centaines de milliers de Gazaouis survivent dans des bâtiments éventrés ou sous des tentes, avec peu d’eau, d’électricité quasi inexistante et des maladies qui se multiplient.
Pour eux, reconstruire Gaza ne se limite pas à des immeubles : « On a besoin d’un toit, d’eau, d’un peu de lumière », confie Amina, déplacée de Khan Younès.
Deux chemins s’offrent à la reconstruction. Le premier consiste à former et employer la main-d’œuvre locale, impliquer les entreprises palestiniennes et rétablir les services de base.
Le second laisserait les investisseurs étrangers contrôler les travaux, au risque d’exclure la population et d’engendrer un profit qui partirait ailleurs, aggravant les tensions sociales.
L’histoire récente montre à quel point la reconstruction de Gaza est difficile. Depuis 2008, plusieurs plans ont été annoncés après les opérations militaires israéliennes, mais les restrictions et les conflits ont empêché leur mise en œuvre.
Des dizaines de milliers de Gazaouis ont vécu des années, parfois des décennies, dans des ruines et des abris de fortune.
Reconstruire Gaza, c’est bien plus que reconstruire des bâtiments : c’est redonner aux habitants la possibilité de vivre, de travailler et d’espérer.
Et pour que cela soit possible, il faudra que la paix, la stabilité et la coopération internationale deviennent enfin des réalités durables.
Le Hautpanel