Le coordonnateur adjoint de l’AFC/M23, Bertrand Bisimwa, a lancé jeudi 23 octobre 2025, un réquisitoire sans équivoque contre le régime de Kinshasa, aux côtés de Corneille Nangaa.
Entre dénonciation des violations du cessez-le-feu, mise en cause de la médiation qatarie et condamnation des exactions attribuées aux forces gouvernementales et à leurs alliés, le message est clair : la patience de l’Est congolais a des limites, et la paix, si elle n’est pas obtenue à Doha, sera imposée sur le terrain.
Juriste de formation et figure historique de la crise de l’Est, Bisimwa a dressé un constat politique sévère : selon l’AFC/M23, Félix Tshisekedi s’est écarté des engagements pris avant son arrivée au pouvoir.
Sur la question sensible des détenus, il a été catégorique : la Déclaration de Doha ne prévoit aucun « échange » de prisonniers, mais bien leur libération, et c’est le Comité international de la Croix-Rouge qui a introduit cette notion, non reconnue par le mouvement.
Bisimwa affirme détenir la correspondance complète avec la médiation qatarie, la plus récente datant du 18 octobre 2025, qui documente selon lui les violations répétées du cessez-le-feu.
La médiation, déplore-t-il, n’a jamais condamné les exactions commises par Kinshasa, laissant les populations congolaises sans aucune protection concrète.
« Si nous n’obtenons pas la paix à Doha, nous l’obtiendrons par les moyens que nous définirons et imposerons sur le terrain », a prévenu Bisimwa.
Dans son réquisitoire, il a dénoncé des exactions graves attribuées aux forces gouvernementales et à leurs alliés, notamment des viols systématiques dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu) accompagnés de campagnes d’humiliation sur les réseaux sociaux.
Il a appelé à la fin de l’impunité et à la protection des victimes. Concernant l’armée burundaise, qu’il qualifie de partenaire des crimes du régime, Bisimwa a lancé un avertissement clair : « Nous allons les faire partir du territoire congolais ».
Cette conférence de Goma envoie un double message : un appel à la reconnaissance internationale des revendications – libération des détenus, respect des engagements de Doha, condamnation des violations – et un avertissement implicite : la poursuite de l’action armée si la diplomatie échoue.
La communauté internationale et la médiation qatarie sont désormais interpellées : agir pour imposer des mesures concrètes ou voir le risque d’une escalade se concrétiser.
Bertrand Bisimwa a incarné la voix d’une région meurtrie qui exige dignité, justice et sécurité, rappelant que la paix en RDC ne se décrète pas dans les chancelleries, mais se gagne par des engagements effectifs et le respect des droits fondamentaux.
