L’initiative française visant la réouverture de l’aéroport international de Goma, bien que soutenue par Kinshasa pour des raisons humanitaires, se heurte à une réalité beaucoup plus complexe.
Derrière l’apparente bonne volonté, se cachent des intérêts militaires et politiques qui rendent toute avancée difficile.
Le mouvement rebelle M23, soutenu selon Kinshasa par le Rwanda, s’oppose fermement à cette réouverture.
Leur position s’explique avant tout par des raisons de sécurité. Dans les zones qu’ils contrôlent, des systèmes de défense anti-aérienne auraient été installés pour contrer les avions et drones de l’armée congolaise.
Retirer ces armes pour permettre les vols humanitaires reviendrait, pour eux, à se rendre vulnérables face aux frappes des FARDC.
Depuis qu’ils ont pris le contrôle de Goma à la fin du mois de janvier 2025, les rebelles considèrent la maîtrise de l’espace aérien comme un avantage stratégique.
En maintenant le blocage de l’aéroport, ils gardent une forme de pression sur la communauté internationale et espèrent forcer la reprise de négociations politiques avec Kinshasa.
Du côté du gouvernement congolais, l’enjeu est avant tout humanitaire. Des milliers de déplacés autour de Goma ont besoin d’aide, et l’aéroport reste la principale voie d’accès pour les organisations humanitaires.
En soutenant la proposition française, Kinshasa cherche à montrer son souci du bien-être de la population, même si cela implique une forme de compromis dans une zone qu’il ne contrôle plus totalement.
Mais ce dossier dépasse la seule question humanitaire. Derrière le blocage, le Rwanda chercherait à utiliser la situation comme un moyen de pression politique sur la RDC, notamment sur la question des FDLR.
De son côté, le M23 ne veut pas perdre le contrôle économique et logistique que représente l’aéroport, véritable poumon pour les échanges dans la région.
Ainsi, la réouverture de l’aéroport de Goma dépasse largement la simple dimension technique. Elle se situe au cœur d’un rapport de force où s’affrontent les impératifs humanitaires, la sécurité militaire et les intérêts politiques régionaux.
Tant que ces équilibres ne seront pas rétablis, la piste de Goma restera symboliquement et stratégiquement fermée.
Le Hautpanel
 
									 
					
