La Cour suprême du Népal a ordonné ce lundi 03 novembre 2025, la suspension de la décision du gouvernement intérimaire de rappeler près d’une douzaine d’ambassadeurs, infligeant un sérieux revers à la Première ministre par intérim Sushila Karki, à la tête du pays depuis septembre dernier.
Cette décision judiciaire intervient après que Mme Karki, ancienne juge en chef et première femme à diriger le Népal, a ordonné le rappel de 11 ambassadeurs, notamment ceux en poste en Chine, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Japon, nommés auparavant par son prédécesseur K.P. Sharma Oli.
Le gouvernement avait justifié ce rappel en affirmant ne pas être satisfait de la performance des diplomates concernés.
Cependant, selon l’avocat Ananta Raj Luitel, à l’origine du recours, « le gouvernement n’a pas pu justifier ses accusations contre les ambassadeurs devant le tribunal ».
Ainsi, tous les diplomates continueront d’exercer leurs fonctions jusqu’à nouvel ordre, a confirmé la Cour.
Le ministre des Communications, Jagdish Kharel, a réagi en déclarant que le gouvernement « respecterait la décision de la Cour suprême ».
À 73 ans, Sushila Karki, connue pour son engagement contre la corruption, dirige un petit cabinet intérimaire chargé d’organiser de nouvelles élections législatives avant le 5 mars 2026.
Son arrivée au pouvoir est survenue à la suite de manifestations meurtrières du mouvement “Génération Z”, au cours desquelles 76 personnes ont perdu la vie et plus de 1 300 ont été blessées.
Selon l’analyste politique Puranjan Acharya, cette décision de justice représente un revers politique pour Mme Karki :
« Elle a rappelé les ambassadeurs sous la pression de la Génération Z, mais elle savait qu’il serait difficile de défendre cette décision devant la Cour », a-t-il expliqué.
Il estime toutefois que ce revers pourrait renforcer sa légitimité : « À long terme, cela pourrait lui permettre de mieux résister aux pressions et de consolider son autorité. »
Mme Karki fait également face à de nouvelles revendications des manifestants, qui exigent le limogeage du chef de l’organisme anti-corruption, lui aussi nommé par l’ancien Premier ministre Oli.
Le Hautpanel
