La ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba, a exprimé sa profonde inquiétude face à la progression continue de la rébellion de l’AFC-M23 dans l’est du pays, malgré l’accord-cadre de paix signé le 15 novembre à Doha.
Dans une interview accordée mardi 25 novembre 2025, la cheffe de la diplomatie congolaise a dénoncé le silence de la communauté internationale et souligné le contraste flagrant entre les engagements pris sur le papier et la réalité sur le terrain.
« Ce qui se passe est extrêmement frustrant pour les autorités congolaises, qui participent aux pourparlers de manière franche, avec pour objectif de rétablir rapidement l’autorité de l’État dans les zones occupées. Pourtant, le M23 affiche une posture coopérative à l’international, alors que sur le terrain, les violences et les tentatives de s’approprier davantage de territoires se poursuivent », a-t-elle déclaré.
Face à ce paradoxe, Thérèse Kayikwamba appelle à la responsabilité et à la redevabilité de tous les acteurs impliqués, y compris les membres de la communauté internationale.
« Nous sommes prêts pour des pourparlers sérieux, mais il faut que tous soient tenus responsables de leurs engagements, ou de leur manquement à ceux-ci. Une paix durable dans la région des Grands Lacs ne pourra se construire sans cette redevabilité », a-t-elle insisté.
La ministre a également dénoncé le rôle du Rwanda dans l’approvisionnement en ressources du M23, appelant à des sanctions ciblées contre les responsables et entités impliqués.
« Avec un peu plus de pression et de sanctions, la situation peut rapidement évoluer. La communauté internationale doit créer un environnement propice à des négociations sérieuses », a-t-elle affirmé.
Par ailleurs, Thérèse Kayikwamba a pointé du doigt l’Union européenne, critiquant son incapacité à trouver un consensus face à la crise en RDC.
« Nos partenaires encouragent la voie politique, mais restent trop timides face aux réalités sur le terrain », a-t-elle déploré.
Malgré la signature du nouvel accord de paix, les combats se poursuivent sur les lignes de front. Depuis le paraphe de l’accord, le M23 a pris le contrôle de plusieurs localités, dont Kimbili et Mai Mingi de Nyalulemba, dans le territoire de Shabunda au Sud-Kivu.
Le Hautpanel
