La Guinée-Bissau traverse une nouvelle crise politique après le renversement du président Umaro Sissoco Embalo par les militaires mercredi 26 novembre. Le général Horta N’Tam, chef d’état-major de l’armée de Terre, a été investi ce jeudi 27 novembre 2025, « président de la transition » pour une durée d’un an, selon les annonces du Haut Commandement militaire.
La capitale, Bissau, est restée quasi-déserte jeudi, avec magasins, marchés et boutiques fermés. Une forte présence militaire quadrille le palais présidentiel et les principales artères de la ville. Les tirs nourris de la veille avaient déjà semé la panique parmi la population.
Le général N’Tam, proche de l’ancien président Embalo, a déclaré vouloir « assurer la direction du Haut commandement pour la restauration de l’ordre » face à ce qu’il qualifie de « période difficile » pour le pays.
Les militaires ont justifié leur action par la découverte d’un prétendu plan visant à déstabiliser le pays et impliquant des barons de la drogue.
Malgré le putsch, certaines mesures visent à maintenir une stabilité minimale : les frontières terrestres et maritimes ont été rouvertes.
La Guinée-Bissau, pays pauvre de 2,2 millions d’habitants, a déjà connu plusieurs coups d’État depuis son indépendance en 1974 et reste une plaque tournante du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe.
Les observateurs doutent cependant des motivations avancées par les militaires. Selon un chercheur ouest-africain interrogé par l’AFP, ce coup d’État pourrait servir les intérêts d’Embalo et empêcher l’opposition, menée par Fernando Dias, de prendre le pouvoir, alors que ce dernier revendiquait la victoire à l’élection présidentielle du 23 novembre.
L’Union africaine a condamné « sans équivoque » ce putsch et demandé la remise en liberté immédiate du président Embalo.
Le Portugal a également appelé au retour à la normalité constitutionnelle. Le sort de Fernando Dias reste inconnu, tandis que le principal opposant Domingos Simões Pereira, dirigeant du PAIGC, a été arrêté mercredi.
La Guinée-Bissau entre ainsi dans une période d’incertitude politique, rappelant les tensions postélectorales de 2019 qui avaient paralysé le pays pendant plusieurs mois.
Le Hautpanel
