La Cour d’assises de Paris ouvre, ce lundi 1ᵉʳ décembre 2025, sa deuxième semaine consacrée aux auditions des victimes, témoins et experts dans le procès portant sur les crimes contre l’humanité imputés à Roger Lumbala.
L’ancien chef du RCD-N, soupçonné de complicité dans des actes de meurtres, viols, tortures et pillages commis dans les zones de Bafwasende, Epulu, Mambasa et Isiro, dans l’ex-Province Orientale, continue de boycotter les audiences.
La semaine dernière, une dizaine de victimes et témoins ont déjà défilé à la barre pour relater les atrocités subies entre 2002 et 2003.
D’autres comparutions sont prévues dans les jours à venir, certaines en présentiel, d’autres par visioconférence depuis Bunia ou Kinshasa.
Les experts médicaux et psychologues viendront également présenter leurs rapports sur l’état psychologique et physique des victimes citées par le ministère public.
La Cour cherche notamment à évaluer l’impact profond de ces violences sur les survivants.
Ceux-ci, venus principalement de Mambasa et d’Epulu, ont décrit les exactions perpétrées par les combattants du RCD-N : exécutions sommaires, violences sexuelles, tortures, pillages, ainsi que les brutalités commises dans le cadre de l’opération « Effacer le tableau », menée conjointement avec le MLC de Jean-Pierre Bemba pour déloger le RCD-KML de Mbusa Nyamwisi.
Une partie des auditions s’est déroulée à huis clos, notamment celles des victimes de violences sexuelles.
L’objectif majeur de la Cour reste de déterminer le degré de responsabilité de Roger Lumbala, qui affirme avoir agi sous le commandement du MLC.
Cependant, plusieurs éléments examinés par les juges pointent vers une autonomie opérationnelle du RCD-N.
Des articles de presse congolais — Les Coulisses, Le Millénaire, La Colombe Plus — ainsi que des médias ougandais et internationaux comme RFI, ont été versés au dossier.
Dans l’un de ces articles lus à l’audience, Roger Lumbala revendique explicitement la paternité des troupes d’« Effacer le tableau », déclarant : « Si ces troupes n’étaient pas du RCD-N, elles n’allaient jamais accepter d’aller se faire tuer pour moi. »
La Cour a également examiné une archive radiophonique de RFI, dans laquelle Roger Lumbala et Mbusa Nyamwisi commentent la signature d’un cessez-le-feu à Gbadolite entre le RCD-KML, le RCD-N et le MLC.
Un élément de plus qui tend à démontrer que le RCD-N agissait comme une entité indépendante, et non comme un simple exécutant du MLC.
Bien avant les révélations judiciaires actuelles, plusieurs voix s’étaient déjà élevées pour dénoncer les exactions de l’opération « Effacer le tableau ».
Parmi elles, celle de l’évêque du diocèse de Butembo-Beni, qui alertait sur des actes d’une extrême gravité, selon des documents de presse présentés au tribunal.
Le Hautpanel
