Huit mois après le début de la médiation menée par les États-Unis et le Qatar, les civils en République démocratique du Congo continuent de souffrir de graves violations des droits humains, dénonce ce jeudi 04 décembre 2025, Amnesty International.
Cette alerte intervient alors que les présidents congolais et rwandais doivent signer un nouvel accord de paix à la Maison Blanche.
Selon Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty pour l’Afrique de l’Est et australe, « la signature imminente de l’accord de paix survient alors que la violence se poursuit dans l’est de la RDC, avec une souffrance immense pour les civils ».
Amnesty rappelle que les discussions menées depuis plusieurs mois, ainsi que la signature de plusieurs accords à Washington et à Doha, « n’ont eu aucun impact tangible sur la vie des civils congolais ».
L’organisation appelle le président américain à faire pression sur le Rwanda, la RDC et le M23 pour mettre fin aux abus et les avertir qu’ils seront « individuellement responsables » en cas de non-respect de l’accord.
Des informations crédibles font état d’exactions commises par les combattants Wazalendo, alliés de l’armée congolaise, et de représailles du M23 contre des civils soupçonnés de collaborer avec ces milices.
En octobre, des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées, et certains habitants du Nord-Kivu se réfugient désormais dans les forêts par peur des attaques.
Tigere Chagutah explique que « les Congolais en ont assez des discours grandiloquents. Des milliers de civils sont pris entre deux forces brutales », avec d’un côté des exécutions sommaires, tortures, viols collectifs et enlèvements attribués au M23 soutenu par le Rwanda, et de l’autre des violences et abus commis par les Wazalendo.
Amnesty dénonce également l’inaction des diplomates internationaux, notamment des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Union africaine, qui ne feraient pas pression de manière constante sur Kigali et Kinshasa pour arrêter le soutien aux groupes armés responsables d’abus.
« Tant que ces pressions ne seront pas imposées, les civils continueront de souffrir », avertit M. Chagutah.
Depuis avril, les États-Unis, la RDC et le Rwanda mènent ce processus diplomatique. Un premier accord avait été signé le 27 juin à Washington, permettant au Rwanda de maintenir des « mesures défensives » tant que les FDLR et leurs groupes affiliés n’étaient pas neutralisés.
Le 15 novembre, le Rwanda et le M23 ont signé au Qatar un cadre d’accord comprenant huit protocoles, dont la majorité doit encore être négociée entre les parties.
Le Hautpanel
