Dans un jugement historique, Roger Lumbala, ancien chef rebelle et homme politique congolais, a été condamné lundi 15 décembre 2025, à 30 ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité commis dans l’est de la République démocratique du Congo au début des années 2000.
La décision, rendue au Palais de justice de Paris, marque la première condamnation prononcée par une juridiction nationale française pour des atrocités perpétrées dans cette région.
Le verdict a été prononcé en présence de l’accusé, qui a écouté silencieusement la lecture de la sentence aux côtés de son avocat commis d’office, Maître Vigier, présent pour la première fois durant ce procès qui a duré cinq semaines.
La cour a reconnu la culpabilité de Roger Lumbala pour aide ou assistance dans des actes de viols constituant torture, réduction en esclavage, esclavage sexuel, travail forcé, ainsi que vols et pillages, citant au moins 30 victimes.
L’homme est également interdit de séjour définitif en France et dispose de dix jours pour faire appel.
Du côté des victimes, l’émotion était palpable. « C’est une grande satisfaction et une réparation psychologique », a confié l’une d’elles. « Mon père a été abattu comme un animal par les hommes de Lumbala. Aujourd’hui, je sais que tout le monde est comptable devant la justice », a-t-elle ajouté. Une autre victime a rappelé les violences subies : « Ils m’ont dépouillé et blessé, puis ont exécuté mon oncle maternel. »
Pour les avocats et ONG impliqués, ce verdict est un tournant dans la lutte contre l’impunité. « La reconnaissance des viols comme crimes contre l’humanité et la responsabilité de Lumbala comme complice constituent une grande victoire pour les victimes », a souligné Maître Bectarte, avocate des parties civiles.
Les ONG ont également salué la décision, affirmant qu’elle envoie un message clair : ni le temps, ni la distance, ni le pouvoir ne protègent les auteurs ou complices de crimes de masse.
Malgré ce jugement, elles rappellent que la situation dans l’est de la RDC reste préoccupante. La région continue de subir des violences, malgré les récents accords de paix de Washington.
Depuis 30 ans, les guerres pour le contrôle des ressources minières impliquant des pays voisins, comme le Rwanda ou l’Ouganda, ont causé des millions de morts et de déplacés.
Ce procès s’inscrit dans la continuité des condamnations prononcées par la Cour pénale internationale contre Thomas Lubanga, Germain Katanga et Bosco Ntaganda, mais il représente la première condamnation par une juridiction nationale pour les crimes commis dans l’est de la RDC.
