Le Président du parti politique « Ensemble pour la République », Moïse Katumbi, dénonce le fait que la République Démocratique du Congo est devenue un État en faillite où une corruption sans limite bat son plein. Il l’a déclaré dans un communiqué publié dimanche 21 décembre 2025, à l’occasion du sixième anniversaire de son parti.
ENSEMBLE COMMUNIQUÉ DU PRÉSIDENT À L’OCCASION DU SIXIÈME ANNIVERSAIRE D’ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE
Congolaises, Congolais, Chers compatriotes,
En ce jour marquant le sixième anniversaire de notre cher parti, ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE, je m’adresse à vous avec toute la détermination que requiert la situation chaotique dans laquelle notre Pays est plongé.
Après six ans d’engagement et de conviction aussi profonde qu’intacte, la République Démocratique du Congo mérite mieux, mieux que la guerre sans fin, mieux que la peur, mieux que la misère généralisée, mieux que le pillage de ses ressources, mieux que la confiscation de la démocratie et le bradage de sa souveraineté.
L’ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE est aujourd’hui le principal parti de l’opposition représenté dans les institutions de la République, disposant d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Cette position nous confère un devoir historique : dire la vérité au peuple, défendre ses droits et tracer une voie claire vers la liberté, la paix ainsi que l’État de droit. En ce jour anniversaire, nous observons et recommandons ce qui suit :
I. A l’Est, la guerre continue et la paix reste à construire
L’Est de notre pays continue de saigner. Les populations du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de l’Ituri vivent sous la menace permanente des armes, des déplacements forcés et des violences inacceptables. Des millions de nos compatriotes sont abandonnés à leur triste sort, dans l’indifférence d’un pouvoir qui a totalement échoué à sa mission première, celle de protéger les Congolais. Cette guerre prolongée n’est pas une fatalité. Elle est le résultat d’un choix politique désastreux, de défaillances graves de l’État et du refus persistant de traiter les causes profondes des conflits.
Nous saluons les initiatives diplomatiques récentes, notamment les accords de Luanda, de Doha et de Washington que nous soutenons mais qui, à elles seules, ne suffisent pas pour apporter une paix durable et définitive.
II. La seule voie crédible: un dialogue inclusif congolais
ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE réaffirme solennellement que seul un dialogue inclusif, sincère et courageux, traitant des causes profondes des conflits peut conduire à une paix durable.
Ce dialogue devra associer toutes les parties prenantes congolaises: le Gouvernement, l’opposition politique non armée, l’AFC/M23 et la société civile dans toute sa diversité, sous l’égide morale et spirituelle des confessions religieuses, notamment l’ECC et la CENCO, dont l’engagement constant pour la paix, la vérité et la réconciliation a toujours été en faveur du peuple.
Il est incompréhensible que ce dialogue, qui est la clé de la résolution de la crise actuelle, tarde encore à être convoqué.
Exclure, diaboliser ou criminaliser le dialogue, c’est opter pour une impasse. On ne fait pas la paix avec ses amis, mais avec ceux avec qui l’on est en conflit.
III. Une dérive autoritaire sans précédent
Pendant que le pays s’enfonce et que la guerre fait rage, le régime en place se perd chaque jour davantage dans une dérive autoritaire qui bafoue les principes de notre Constitution et de nos engagements internationaux.
Les violations des droits et libertés fondamentaux documentées: sont massives, systématiques et
-Suspension arbitraire des partis politiques d’opposition qui sont interdits d’activité sans base légale et en violation flagrante de la liberté d’association garantie pourtant par la Constitution.
-Arrestations arbitraires et détentions illégales des opposants, des journalistes et des militants, sans mandat et avec privation de leurs droits les plus élémentaires.
-Enlèvements et disparitions forcées des acteurs politiques et des paisibles citoyens par des hommes en uniforme ou en civil sans qu’aucune information ne soit communiquée à leurs familles ni à leurs avocats.
-Harcèlement des opposants dont les familles et les proches sont systématiquement ciblés, menacés, intimidés. Une pratique indigne qui vise à briser les résistances par la terreur.
-Perquisitions sauvages des domiciles privés qui sont envahis de nuit, sans mandat judiciaire, par des agents armés qui sèment la peur et emportent documents et biens personnels.
-Recours à la torture attesté par des témoignages concordants et des rapports d’organismes de défense des droits humains dans les lieux de détention officiels et clandestins.
-Instrumentalisation de la justice par la transformation des tribunaux en instruments de persécution politique, rendant des verdicts de complaisance contre les voix discordantes.
-Condamnations à mort d’opposants politiques suite à la levée du moratoire sur la peine de mort marquant le franchissement d’un seuil que l’on croyait révolu.
Ces pratiques constituent des crimes au regard du droit international. Elles traduisent un pouvoir qui a peur du peuple et qui cherche à se maintenir par la force plutôt que par la légitimité. Un pouvoir qui emprunte les méthodes des régimes les plus sombres de notre histoire.
IV. Un État en faillite, une corruption sans limite
Jamais le fossé n’a été aussi profond entre l’État et la population.
Pendant que la corruption atteint des niveaux sans précédent, détournements massifs, marchés publics truqués, pillage des ressources naturelles, l’État est incapable de remplir ses missions les plus élémentaires: éducation, santé, sécurité, accès à l’eau potable et à l’électricité.
Près de 85% de congolais vivent dans la pauvreté extrême. Nos enfants meurent de faim et de maladies évitables. Nos routes sont impraticables si pas inexistantes. Le système éducatif est inadéquat avec des écoles manquant de tout. Et pendant ce temps, une oligarchie prédatrice s’enrichit sans vergogne sur le dos du peuple.
Cette situation n’est ni normale, ni acceptable et ne peut perdurer.
V. Notre engagement: mettre fin à la crise actuelle via un consensus national et restaurer l’État de droit
Face à cette situation. ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE prend un engagement clair et irrévocable: mobiliser toutes ses énergies pour mettre fin aux dérives actuelles et ramener le pays à la légalité constitutionnelle.
La liberté et la démocratie ne se mendient pas. Elles se conquièrent par l’engagement, l’unité et le courage.
Dans cet esprit, j’annonce la mise en place d’un Directoire national d’ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE chargé de définir et de porter la ligne politique du parti, d’assurer la cohérence de notre action, de renforcer l’efficacité de toutes nos instances et de préparer le parti à relever les défis majeurs qui se posent à la Nation.
Compte tenu de la gravité et de la persistance de la crise politique et sécuritaire et de l’absence de perspectives sérieuses et réelles de solution en vue d’y mettre un terme, la voie militaire et diplomatique extérieure ne pouvant à elles seules y parvenir, le Directoire national du parti aura pour mission impérieuse de prendre contact, sans exclusion, avec les différentes parties, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, en vue de bâtir de façon consensuelle les solutions qui permettront au pays de sortir de l’impasse actuelle.
Cette décision vise un objectif clair: faire d’ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE une force démocratique disciplinée, organisée et prête à gouverner, au service exclusif du peuple congolais.
VI. Appel à la mobilisation nationale
Le combat pour la liberté, la démocratie et la dignité humaine appelle la mobilisation de toutes les forces vives de la Nation : forces politiques, société civile, confessions religieuses, jeunesse, femmes, diaspora… En ce sixième anniversaire, je veux dire aux Congolaises et aux Congolais : vous n’êtes pas seuls. Le changement est possible. L’histoire n’est jamais écrite d’avance. Les régimes qui paraissaient éternels sont passés. Il en sera de même pour celui-ci.
ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE restera aux côtés du peuple, sans peur, sans compromission, sans résignation jusqu’à l’avènement d’un Congo libre, souverain, réconcilié et démocratique. Tout en demandeur à tous les membres d’ENSEMBLE POUR LA REPUBLIQUE de ne pas céder au découragement et de tenir bon, je leur souhaite ainsi qu’à tous ceux qui leur sont chers une bonne et heureuse année 2026. Le combat continue. La mobilisation se renforce. La liberté vaincra pour le plus grand bien de la nation.
Fait à Londres le 21 décembre 2025
Moïse KATUMBI
Le Hautpanel
