Le parquet fédéral belge demande, mardi 17 juin 2025, le renvoi d’Étienne Davignon devant le tribunal correctionnel dans le cadre de l’assassinat de Patrice Lumumba.
Cette décision marque un tournant historique dans une affaire qui hante encore les mémoires congolaises et belges depuis plus de six décennies.
Ancien Premier ministre du Congo et figure emblématique de l’indépendance, Patrice Lumumba est assassiné le 17 janvier 1961, après avoir été renversé, arrêté puis transféré au Katanga.
Ce territoire, riche en ressources minières, bénéficie alors du soutien actif de la Belgique, qui s’oppose à la politique souverainiste du jeune leader congolais.
Le parquet fédéral belge estime aujourd’hui que les faits commis relèvent de crimes de guerre. Il accuse Étienne Davignon, 92 ans, d’avoir participé au transfert illégal de Lumumba, à sa détention arbitraire, ainsi qu’à des traitements inhumains et dégradants, sans possibilité d’un procès équitable.
Seul encore en vie parmi les dix personnalités belges visées par la plainte déposée en 2011 par la famille Lumumba, Étienne Davignon, alors jeune diplomate stagiaire, est envoyé au Congo par le ministère des Affaires étrangères.
Il nie toute responsabilité, malgré les conclusions de la commission d’enquête parlementaire belge de 2001, qui pointent une responsabilité morale de certains acteurs belges.
En 2022, la Belgique reconnaît officiellement sa part de responsabilité et présente des excuses à la famille de Lumumba.
Elle restitue également une dent du héros congolais, seul reste de sa dépouille, rapatriée depuis à Kinshasa.
Aujourd’hui, la chambre du conseil de Bruxelles entame l’examen du dossier. L’avocat de Davignon demande un report pour analyser les nombreux éléments de l’instruction.
Si le procès est confirmé, ce sera la première fois qu’un haut représentant belge est jugé pour son rôle dans l’assassinat d’un leader africain postcolonial.