«Le renouvèlement de la classe politique crédible reste un défi en République Démocratique du Congo», a confié M. Georges Milumbu, samedi 4 juin 2022, lors d’une interview avec la rédaction de Lehautpanel.com, sur les questions d’actualité de l’heure en RDC et dans le monde.
Georges Milumbu, est un doctorant en économie de l’éducation, expert en éducation, consultant à la Banque Mondiale et fermier. Il se présente également comme étant un homme libre, de bonnes mœurs, et celui qui croit avec acharnement qu’une autre RDC est possible car le changement est une loi.
Plus de 3 ans après l’application de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC, Georges Milumbu a souligné que l’introduction de cette mesure est une bonne chose dans le contexte du pays mais plusieurs défis restent à relever.
« La gratuité de l’enseignement primaire est une bonne mesure dans le contexte de la RDC, pour réduire la pauvreté et pour instaurer une justice sociale. 3ans après, la qualité des enseignements, le besoin en salles de classe, le paiement des enseignants, la rationalisation des ressources disponibles restent un défi. L’avenir du capital humain congolais compétitif, qui a le gout de l’effort me préoccupe encore à ces jours », a-t-il dit.
Georges Milumbu a déploré la gestion du pays sous l’actuel régime. Selon lui, « la continuité est un principe de gestion. Le modèle de gestion de la Kabilie : le passéisme, l’immobilisme et le conservatisme, dans certains cas est implémenté en toute fidélité par le régime actuel. Notamment le mauvais casting des collaborateurs, le choix des priorités, etc. Le renouvèlement de la classe politique crédible reste un défi ».
A l’en croire, « le pays est à 42,2% de malnutrition, quel avenir pour le capital humain congolais ? La marche vers l’indépendance connait une régression sans pareille, le tribalisme a pris des allures inquiétantes pour un pays qui a 9 espaces géographiques et plusieurs groupes linguistiques, le clientélisme, la triche deviennent de valeurs dans la gestion ».
Abordant la problématique de la guerre à l’est de la RDC, l’analyste politique Milumbu, a fait savoir que « La guerre est inhérente au mode de gestion du pays. Le régime doit fédérer les efforts dans la gestion du pays. On est coupable de guerre si on s’imagine que sa famille et soi-même devront être privilégiés ».
S’agissant de l’accusation du gouvernement congolais sur le soutien du Rwanda aux terroristes M23 à l’est de la RDC, il a noté que la complicité est avant tout interne. Le président devrait accorder du pouvoir à Vital Kamerhe, fédérer les efforts dans la gestion du pays pour la paix et l’unité. Le Rwanda, seul n’est rien, ne peut rien face à l’unité de tous les congolais, a déclaré Georges Milumbu.
Evoquant les questions internationales dont notamment la guerre en Ukraine et ses conséquences dans le monde, M. Milumbu estime que nous sommes à l’ère de verseau, le bien approche. L’équilibre mondial est inévitable dans les rapports de forces actuels. Cette guerre comme Covid-19 devrait être une opportunité pour l’indépendance de pays africains dont la RDC, mais la RDC est encore hors-jeu. Sans une vision de son avenir en 50 ans voire plus.
Il renchérit en disant que « Le développement de la RDC implique celui de l’Afrique, ce sera la disparition automatique de l’hégémonie occidentale. Lumumba, LD Kabila et J. Kabila avaient compris cela dans leurs discours et actes. J’ose croire que le régime actuel finira par comprendre cette guerre et l’hypocrisie de ladite communauté internationale. La RDC devrait mettre en place de politiques parallèles au modèle de la Chine et de la Russie. Une autre RDC est possible ».
En sa qualité de fermier, Georges Milumbu a martelé sur la prise de conscience des autorités congolaises pour repositionner la RDC en tant que leader alors que la planète entre dans une crise alimentaire sans précédent.
« La guerre en Ukraine devrait être une opportunité pour l’indépendance économique de la RDC. La RDC devrait mettre en place de politiques parallèles au modèle de la Chine et de la Russie. C’est une question du leadership. Je crois à une autre RDC, C’est possible », a-t-il déclaré.
Pour lui, la RDC n’arrive pas à exploiter son potentiel agricole par manque de leadership transformationnel.
« Le système éducatif, les religions importées sont les instruments du désintéressement d’une part, de l’autre le pays n’a pas de banque agricole et ne subventionne pas les vrais opérateurs du secteur agricole. La loi agricole actuelle (Art, 16) fait une vente en douceur de la RDC », a assuré M. Milumbu.
En ce qui concerne les enjeux du futur (eaux, minerais stratégiques, [cobalt, lithium, coltan, cuivre], terres agricoles), cet expert de la Banque Mondiale estime que l’approche que les autorités congolaises doivent avoir est celle d’investir et de développer le capital humain dans les domaines dans lesquels les enjeux du futur se jouent (eaux, minerais stratégiques, [cobalt, lithium, coltan, cuivre], terres agricoles), a dit M. Milumbu avant d’ajouter que « Le capital humain est trop faible dans tous les secteurs. La réforme de notre système éducatif devrait être une priorité des priorités ».
En tant que patriote et dépositaire de la phrase « Une autre RD Congo est possible, le changement est une loi », Georges Milumbu indique que ses analyses ci-dessus constituent les éléments pour cette autre RDC. Une RDC sans faim, avec un bon capital humain, une RDC indépendante est possible, le changement est une loi que l’on doit subir de gré ou de force.
Comme message particulier à passer aux congolais, M. Milumbu rappelle qu’ «Une autre RDC est possible, le changement est une loi. Cela passe par un renouvellement crédible de la classe politique et une reforme sérieuse du système éducatif congolais »
Le Hautpanel