Dans le rapport partiel du groupe d’experts des Nations Unies sur la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo, les chercheurs disent se servir des déclarations de témoins oculaires, membres de la population locale, membres de groupes armés ou excombattants. Il a également pris en compte le témoignage averti d’agents de l’État et d’officiers militaires de pays de la région des Grands Lacs et d’autres pays, ainsi que des sources du système des Nations Unies, images aériennes et des drones, prises dans les zones de conflit.
« Les conclusions de la présente partie s’appuient sur des éléments de preuves écrits, photographiques et vidéo, des images aériennes, des missions sur le terrain menées par le Groupe d’experts dans le territoire de Rutshuru et à Goma, à Bukavu et à Kinshasa (République démocratique du Congo) ainsi qu’à Kisoro et à Bunagana (Ouganda), et des entretiens avec plus de 230 sources.
Depuis le rapport final du Groupe d’experts, la fréquence, la durée et la force des attaques du M23/ARC ont continué de suivre une courbe ascendante, tout comme le nombre de victimes parmi les FARDC et les civils. Le M23/ARC, seul ou conjointement avec la Force de défense rwandaise (Rwanda Defence Force – RDF), a considérablement étendu la zone qu’il contrôlait, qui couvre désormais des villes, des routes et d’anciennes positions stratégiques des FARDC, notamment le camp stratégique des FARDC à Rumangabo, que le M23/ARC a attaqué pour la première fois le 25 mai. Le 12 juin, le M23/ARC a affronté les FARDC à Bunagana et pris le contrôle de cette ville stratégique située à la frontière entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda.
Le M23/ARC a coupé des routes stratégiques, souvent pendant de longues périodes, ce qui a ralenti la circulation des marchandises commerciales et de l’aide humanitaire. Jusqu’à la mi-octobre 2022, le M23/ARC contrôlait un territoire environ trois fois plus grand que celui qu’il contrôlait en mars 2022. Le 20 octobre, après un calme relatif depuis la mi-juin, le M23/ARC a lancé une nouvelle offensive contre les FARDC, les repoussant vers le nord, le nord-ouest, l’ouest et le sud-ouest. Au 1 er novembre 2022, la superficie du territoire qu’il contrôlait avait de nouveau doublé et englobait des lieux stratégiques tels que les villes de Rutshuru et de Kiwanja, le camp militaire de Rumangabo, la centrale électrique de Matebe et les postes frontières de Kitagoma et de Bunagana . Au moment de l’établissement du présent rapport, le M23/ARC menaçait de prendre la ville de Goma. Le M23/ARC a pu mener des combats intenses sur plusieurs fronts simultanément, pendant plusieurs semaines, ce qui témoigne d’un haut degré d’organisation, d’une amélioration des tactiques et du recrutement, d’un relèvement des effectifs et d’un réapprovisionnement considérable en matériel militaire», peut-on lire dans ce Rapport.
Selon leurs sources et des images capturées, les éléments de l’armée rwandaise ont fourni une assistance considérable aux terroristes du M23, depuis la période qui a précédé la chute de la cité frontalière de Bunagana, en territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu.
À en croire ce document rendu public le 16 décembre 2022, le groupe d’experts a noté par exemple, « qu’au moins cinq soldats de la RDF (Rwandan Defence Forces) avaient été arrêtés sur le territoire RD Congolais, depuis janvier 2022 ».
Le même rapport mentionne que l’armée rwandaise qui avait fait incursion en RDC, avait mené vers mai et juin 2022, des opérations militaires contre les FDLR, Forces Démocratiques pour la libération du Rwanda, et que les mêmes RDF avaient offert un appui aux M23 dans les combats contre les FARDC pendant la même période. En outre, les militaires rwandais avaient également soutenu les rebelles du M23 en mai 2022, lors de la prise de la base militaire de Rumangabo, ainsi que lors de la prise de Bunagana.
Fin Octobre 2022, le gouvernement congolais avait décrié une arrivée massive des éléments RDF sur son territoire, et avait sur-le-champ décidé de mettre à la porte l’ambassadeur rwandais, alors Vincent Karega, ajoute le rapport.
Pendant ce temps, il convient de signaler que l’Etat rwandais a toujours nié sa responsabilité dans la crise sécuritaire de Rutshuru, indiquant que ses militaires n’ont jamais fait incursion en RDC.
Félix Issa.