Dans sa tribune publiée en mars dernier, le président du Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), Matata Ponyo Mapon, a dénoncé le semblant de démocratie qui règne en République Démocratique du Congo. Car selon lui, le pays se trouve ainsi engouffré dans un système politique hybride où se mélangent les éléments de dictature, de démocratie et du socialisme.
« La démocratie, avec ses insuffisances, se présente aujourd’hui comme le meilleur système politique devant permettre au pays d’améliorer significativement les conditions de vie de la population comme on le voit dans les pays occidentaux », a déclaré Matata Ponyo Mapon.
«Malheureusement, ce n’est pas le cas pour la quasi-totalité des pays africains mettant en œuvre le même système politique. La RDC en est un exemple évocateur. Pourquoi cela ? La réalité est que la démocratie n’est pas effectivement appliquée. On parle de la démocratie, on chante la démocratie, mais dans les faits, on applique autre chose », a fait savoir l’ancien Premier Ministre Congolais.
Matata Ponyo, candidat à la présidentielle de décembre 2023, a dénoncé le fait qu’au Congo-Kinshasa, le processus électoral n’est ni libre, ni transparent, encore moins équitable.
« En démocratie, les élections sont faites pour choisir les meilleurs. En RDC, elles sont faites notamment pour désigner n’importe qui, y compris les médiocres. La loi électorale est modifiée à chaque cycle électoral. La Commission électorale indépendante (CENI), en charge d’organisation des élections, est aux ordres du pouvoir. Elle n’est donc pas indépendante. La Cour constitutionnelle devant confirmer les résultats des élections obéit aux instructions de l’Exécutif. Elle n’est pas donc impartiale », a déclaré Augustin Matata.
« C’est ce qui s’est passé en décembre 2018 lorsque la CENI a proclamé plusieurs députés et sénateurs qui n’ont jamais été élus. Malheureusement, ces non-élus ont été confirmés par la Cour constitutionnelle. De ce fait, ils siègent au Parlement, avec un mandat fictif du peuple», a-t-il poursuivi.
Déçu par la démocratie à la Congolaise, M. Matata note que toutes les institutions se soumettent à la volonté d’une seule personne.
« La majorité parlementaire, constituée après les élections et censée rester inchangée tout au long de la mandature, a été retournée. Les mêmes députés et sénateurs qui appartenaient à l’ancienne majorité parlementaire ont rejoint l’opposition pour former une nouvelle majorité. Du coup, on se retrouve devant de situations invraisemblables où vous avez de députés d’un même parti qui appartiennent à la fois à l’opposition et à la majorité au pouvoir ! Qui l’eût cru ? Et pourtant la loi en vigueur interdit formellement ce type de basculement inimaginable et démocratiquement inacceptable. Dans la même veine, l’actuel président de l’Assemblée nationale provient de la nouvelle majorité présidentielle recomposée à laquelle appartient son parti avec 2 députés. Donc, un président de l’assemblée nationale sans aucun poids politique face à un groupe de 500 députés nationaux ! Le premier ministre provient de la même majorité présidentielle fabriquée en violation flagrante des lois en vigueur. Lui aussi appartient à un parti politique qui n’a aucun poids au Parlement où il ne compte que 12 députés. Finalement, que peut-on attendre d’un parlement où une bonne partie des députés et sénateurs n’ont pas de compte à rendre à leurs électeurs, si ce n’est qu’à ceux qui les ont nommés ou débauchés ? Que peut-on attendre d’un président de l’assemblée nationale et d’un premier ministre qui n’ont aucun poids politique ? C’est cela la version africaine ou congolaise de la démocratie. Les meilleurs sont élus par le peuple, mais ne sont pas tous proclamés. Les médiocres ne sont pas élus, mais nombreux d’entre eux sont proclamés vainqueurs. Par ailleurs, la constitution ainsi que les lois du pays sont systématiquement violées dans le seul objectif d’écarter meilleurs et de favoriser l’émergence des médiocres ».
Pour lui, la démocratie n’est pas d’application en République Démocratique du Congo, car on ne peut rien attendre d’un tel système fondé sur la médiocrité et les anti-valeurs.
« La démocratie n’est pas d’application en RDC, comme dans la plupart des pays africains. Il s’agit d’un simulacre de démocratie. En réalité, c’est une sorte de dictature enveloppée dans un discours démagogique de démocratie. Le pays se trouve ainsi engouffré dans un système politique hybride où se mélangent les éléments de dictature, de démocratie et du socialisme. En définitive, l’on ne peut rien attendre d’un tel système fondé sur la médiocrité et les anti-valeurs. La situation socio-économique ne peut que se dégrader continuellement», a ajouté le Sénateur Matata Ponyo.
Le président national de LGD appelle la classe politique congolaise à arrêter de faire du cinéma ou du théâtre démocratique.
« Face à cette situation dramatique qui hypothèque totalement l’avenir des jeunes et de l’ensemble du pays, les hommes politiques se doivent d’arrêter de faire du cinéma ou du théâtre démocratique. Ils doivent appliquer la vraie démocratie en lieu et place d’une fausse comme celle mise en œuvre actuellement », a-t-il souligné.
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