Le gouvernement britannique hausse le ton. Il donne un mois à la République démocratique du Congo, à l’Angola et à la Namibie pour renforcer leur coopération dans le rapatriement de leurs ressortissants en situation irrégulière.
Faute d’engagement, Londres menace de durcir l’octroi de visas, notamment touristiques et VIP, à ces trois pays.
L’annonce émane de Shabana Mahmood, ministre de l’Intérieur britannique, citée par l’AFP et RFI. Dans un communiqué inhabituellement ferme, elle déclare : « Acceptez le retour de vos ressortissants ou vous perdrez le privilège de pouvoir entrer dans notre pays. »
Cette décision intervient à la veille de la présentation au Parlement d’une réforme migratoire que défend le gouvernement travailliste, visant notamment une accélération des expulsions et une réduction de la protection offerte aux demandeurs d’asile.
Face à cette mise en garde, les autorités congolaises tentent de calmer les inquiétudes. Lors d’un briefing lundi à Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a affirmé que le dossier est « déjà pris en charge » par les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur.
Selon lui, les échanges avaient même débuté avant la menace britannique : « Nous avons eu des rencontres à Londres avec la Première ministre Judith Suminwa et des responsables britanniques, dont David Lammy. Cette question a fait l’objet de discussions. »
Le gouvernement congolais dit toutefois poser une exigence : tout rapatriement devra respecter les droits humains. Muyaya insiste sur la nécessité d’une prise en charge digne des Congolais concernés.
Selon RFI, le Home Office estime que « des milliers de migrants illégaux » originaires de ces trois pays se trouvent actuellement au Royaume-Uni. La réforme migratoire en préparation prévoit :
- la réduction de la protection accordée aux réfugiés ;
- le retour forcé vers leur pays dès que celui-ci sera jugé « sûr » ;
- la suppression de l’accès automatique aux aides sociales ;
- un durcissement des recours basés sur la Convention européenne des droits de l’homme.
Les autorités britanniques justifient ces mesures par une forte augmentation des arrivées : depuis le 1er janvier, 39 292 personnes sont entrées au Royaume-Uni par de petites embarcations, un chiffre en hausse par rapport à 2024. Les demandes d’asile, elles, ont augmenté de 18 % en 2024, alors qu’elles sont en recul dans l’Union européenne.
Le phénomène migratoire congolais ne touche pas que le Royaume-Uni. La Belgique enregistre elle aussi des demandes croissantes.
Pour les dix premiers mois de 2025, plus de 2 000 Congolais ont sollicité une protection internationale, plaçant la RDC au 4ᵉ rang des pays d’origine des demandeurs d’asile.
Cette situation a été exposée à Kinshasa par le directeur général de l’Office des étrangers belge, Freddy Roosemont, accompagné de Joris Salden, responsable des affaires consulaires.
Si Londres accélère ses mesures migratoires, Kinshasa dit privilégier un dialogue axé sur les droits humains.
Un équilibre difficile, alors que les gouvernements européens exigent désormais des pays africains davantage de coopération en matière de rapatriement.
Le Hautpanel
