La Maison Blanche a confirmé ce lundi 1er décembre 2025, que les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame se rencontreront le 4 décembre à Washington.
Plusieurs dirigeants de la sous-région, dont les présidents du Burundi et du Kenya, sont également attendus.
Cette rencontre, présentée comme une étape cruciale du processus diplomatique soutenu par les États-Unis, vise à ratifier l’accord signé en juin et à donner suite au cadre d’intégration économique adopté début novembre.
Washington entend stabiliser une région stratégique pour les chaînes d’approvisionnement en cobalt, cuivre, lithium, or et tantale, tout en explorant des investissements de plusieurs milliards de dollars.
Pourtant, à l’approche de cette échéance, les divergences restent marquées. Aucun progrès notable n’a été enregistré dans la mise en œuvre des engagements annoncés en septembre, notamment concernant la neutralisation des FDLR et le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais.
À Kigali, Paul Kagame affirme que les blocages ne viennent pas du Rwanda et accuse Kinshasa d’avoir renié certains points convenus, reprochant à son homologue congolais d’imposer de nouvelles conditions et d’adopter une position instable.
À Kinshasa, la position est inverse. Le gouvernement congolais insiste pour qu’aucun déplacement du président Tshisekedi à Washington ne soit envisagé sans un début concret du retrait des forces rwandaises.
Le porte-parole Patrick Muyaya l’a réaffirmé mi-novembre, et le président congolais a répété cette exigence vendredi en Serbie, soulignant la défense de la souveraineté nationale et le rétablissement de la confiance.
Sur le terrain, la situation reste tendue : le M23 contrôle toujours Goma, Bukavu et plusieurs axes stratégiques du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Kigali nie tout soutien à ce mouvement, tandis qu’un rapport du groupe d’experts de l’ONU publié en juillet confirme un « commandement et contrôle » exercé par le Rwanda sur la rébellion.
Parallèlement, la médiation menée au Qatar entre Kinshasa et le M23 constitue un autre volet du processus. Un accord-cadre a été signé, mais les négociations sur le terrain restent bloquées.
La coexistence des deux processus — à Washington et à Doha — illustre la complexité du dossier, mêlant diplomatie interétatique et discussions politico-militaires.
Enfin, la question de l’intégration régionale demeure en suspens. Félix Tshisekedi en a fait un axe central de sa diplomatie, tout en rappelant que les événements de 2022 ont fragilisé la confiance entre les pays de la région.
À une semaine de la rencontre, les positions restent éloignées : les États-Unis espèrent saisir une fenêtre diplomatique, Kigali dénonce les incohérences de Kinshasa, et le président congolais maintient ses conditions de départ.
La réunion du 4 décembre pourrait soit débloquer la situation, soit mettre en lumière les contradictions qui freinent un processus engagé depuis près de deux ans.
Le Hautpanel
