Malgré la suspension de ses activités par le gouvernement, la plateforme politique et sociale « Sauvons la RDC », proche de l’ancien président Joseph Kabila, est sortie de son silence pour dénoncer l’accord de paix récemment entériné à Washington par Félix Tshisekedi et Paul Kagame, sous la médiation du président américain Donald Trump.
Dans un communiqué signé samedi par une dizaine de ses membres, la structure affirme que cette démarche s’est faite « sans consultations des communautés directement affectées », et remet en cause la légitimité du chef de l’État congolais.
Selon elle, la gestion du dossier relève d’« une crise multiforme » alimentée par une gouvernance jugée défaillante.
Dans son texte, « Sauvons la RDC » reproche au gouvernement d’avoir conduit le processus en marge des institutions et des forces vives du pays, en violation, selon elle, des principes constitutionnels de transparence et d’inclusivité.
« Dès le début, ce dossier engageant la souveraineté nationale a été mené sans débat public, sans consultation des communautés directement touchées », déplore la plateforme, dénonçant ce qu’elle considère comme un passage en force.
La plateforme kabiliste accuse par ailleurs Félix Tshisekedi d’adopter une approche « paradoxale » : rechercher la paix à l’extérieur tout en posant, selon elle, des actes internes qui fragiliseraient la démocratie et l’unité nationale.
Elle épingle notamment « l’entretien de foyers de tensions », des « stigmatisations » et la « réduction persistante de l’espace politique », qu’elle attribue à une « tyrannie aveugle » exercée contre certains citoyens et acteurs publics.
À Washington, la signature de l’accord entre Kigali et Kinshasa a été présentée comme un tournant majeur par Donald Trump.
Le président américain n’a pas caché son enthousiasme, estimant avoir contribué à réaliser « ce que beaucoup jugeaient impossible ».
« Vous allez voir les choses évoluer rapidement (…) ce sera un véritable miracle », a-t-il déclaré, exprimant sa confiance dans les engagements pris par les deux dirigeants.
Félix Tshisekedi et Paul Kagame, toujours en froid, ont néanmoins salué un « tournant » dans la quête de stabilité dans la région des Grands Lacs, la cérémonie s’étant déroulée sans accolade ni poignée de main.
L’événement s’est déroulé en présence de plusieurs chefs d’État africains, dont Faure Gnassingbé (Togo), João Lourenço (Angola), William Ruto (Kenya), Évariste Ndayishimiye (Burundi) et Jessica Alupo (Ouganda).
Alors que l’accord de Washington est présenté par ses parrains comme « historique », sa mise en œuvre devra composer avec les réticences exprimées par une partie de la classe politique congolaise et de nombreuses communautés affectées par la crise.
