Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, en sa qualité de président du Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine (CPS-UA), a présidé vendredi 17 février 2023, une réunion pour discuter du conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).
A l’ouverture de la 1140e réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, tenue au niveau des chefs d’État et de gouvernement, Cyril Ramaphosa a souligné que cette réunion s’inscrit dans le contexte plus large de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région signé le 24 février 2013.
« L’aspiration du Cadre était d’inaugurer la paix, la sécurité, la stabilité et le développement en RDC et dans la région des Grands Lacs dans son ensemble. Dix ans après sa signature, l’est de la RDC continue de connaître des cycles périodiques de conflits et de violence. Nous convenons que la situation sécuritaire instable dans l’est de la RDC dure depuis trop longtemps et est intenable. Nous ne pouvons qu’être troublés par cette catastrophe humanitaire », a dit Ramaphosa.
Et d’ajouter : « Nous ne pouvons qu’être horrifiés de voir des gens être massacrés, des femmes et des filles violées et par les violations flagrantes des droits de l’homme et des règles d’engagement dans les conflits. Le cycle de violence actuel est encore plus préoccupant et est alimenté par la résurgence du groupe armé M23 que l’on croyait démantelé en 2013/2014. »
A travers le Conseil de paix et de sécurité de l’UA qui est chargé de la prévention, de la résolution et de la gestion des conflits en Afrique, le président sud-africain a appelé à redoubler d’efforts pour résoudre cette situation désastreuse, en travaillant en étroite collaboration avec les processus régionaux.
«En 2022, le Conseil a tenu deux réunions sur la situation dans l’est de la RDC. Le Conseil a appelé à une évaluation de la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération afin d’en renforcer l’efficacité».
Il estime que le Conseil doit prendre des décisions concrètes pour relever les défis découlant du manque de mise en œuvre du Cadre.
«S’il n’est pas pleinement mis en œuvre tant dans sa lettre que dans son esprit, la situation sécuritaire dans l’est de la RDC continuera de présenter des défis. La volonté politique de toutes les parties au Cadre, du gouvernement de la RDC, de la région, de l’UA et de la communauté internationale est essentielle à la mise en œuvre efficace du Cadre», a rappelé M. Ramaphosa.
A cet effet, le président Ramaphosa propose que le Conseil encourage les parties à l’Accord-Cadre de Coopération notamment les gouvernements de la RDC et de la République du Rwanda à se concentrer sur les points suivants :
- Honorer leurs engagements contenus dans le cadre de coopération.
- Faire preuve de retenue totale et de désescalade
- S’engager dans un véritable dialogue
- Mettre en œuvre rapidement les résultats des processus de Luanda et de Nairobi
- Le retrait de l’Est de la RDC des groupes armés étrangers
- Exhorter tous les signataires et garants du cadre de coopération à assurer le plein renforcement des mécanismes régionaux de surveillance et de vérification ad hoc pour faire face aux problèmes de sécurité.
Il juge aussi essentiel que le Conseil redouble d’efforts pour s’attaquer aux causes profondes du conflit. Cela signifie lutter contre l’exploitation illégale des ressources minérales et lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et le crime organisé. Il faut faire davantage pour renforcer les capacités institutionnelles de gestion et de contrôle des frontières régionales, ainsi que des agences régionales de justice et de maintien de l’ordre, a précisé Cyril Ramaphosa.
« Nous nous sommes fixé un objectif ambitieux pour faire taire les armes à feu à travers l’Afrique. Pour atteindre cet objectif, nous devons faire preuve d’une tolérance zéro à l’égard des conflits actuels et émergents et redoubler d’efforts pour les résoudre », a-t-il précisé.
En ce qui concerne la violence sexiste, le président sud-africain a appelé le système des Nations Unies à continuer de fournir des capacités et une assistance technique aux institutions étatiques pour maintenir les normes de responsabilité concernant la violence sexuelle et sexiste, et pour renforcer le cadre juridique de la lutte contre l’impunité.
Ont pris part à cette réunion : Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine, António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, Membres du Conseil de paix et de sécurité, Félix Tshisikedi, Président de la République Démocratique du Congo, Paul Kagame, Président de la République du Rwanda, Joao Lourenço, Président de la République d’Angola, et William Ruto, Président de la République du Kenya.
Le Hautpanel