La Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réunie en séance extraordinaire à Accra, en République du Ghana, le dimanche 9 janvier 2022, sous la présidence de Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana et Président de l’Autorité de la CEDEAO, a pris une série des sanctions contre le Mali et ses autorités.
Cette session extraordinaire devait passer en revue les développements politiques en République du Mali depuis le dernier Sommet tenu le 12 décembre 2021.
Les Chefs d’État et de Gouvernement sont préoccupés par le processus de transition au Mali après l’annonce des autorités militaires de se maintenir au pouvoir pour une durée de 5 ans. Une position contraire à leur engagement initial qui était de réaliser une transition de 6 mois, selon la CEDEAO.
La Conférence des Chefs d’État de la CEDEAO a réitéré sa volonté de consolider la paix et la sécurité au Mali dans le respect des règles et principes démocratiques.
Étaient présents au Sommet les chefs d’État de la CEDEAO et Gouvernement ou leurs représentants dûment mandatés :
Patrice TALON, Président de la République du Bénin ; Roch Marc Christian KABORE, Président du Burkina Faso ; Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire ; Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana ; Umaro Sissoco EMBALO, Président de la République de Guinée Bissau ; George Manneh WEAH, Président de la République du Libéria ; Mohamed BAZOUM, Président de la République du Niger ; Macky SALL, Président de la République du Sénégal ; Julius Maada BIO, Président de la République de Sierra Leone ; Dr Isatou TOURAY, Vice-Président de la République de Gambie ; Yemi OSINBAJO, Vice-Président de la République fédérale du Nigéria ; Robert DUSSEY, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et Togolais de l’étranger de la République togolaise ; Belarmino Monteiro SILVA, Ambassadeur de la République du Cap Verde à la République fédérale du Nigéria.
La session a également été suivie par Dr Goodluck JONATHAN, Ancien Président de la République fédérale de Médiateur Nigeria et CEDEAO pour le Mali ; Jean-Claude Kassi BROU, Président de la Commission de la CEDEAO ; Mahamat Saleh ANNADIF, Représentant spécial des Nations Unies, Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) ; Abdoulaye DIOP, Président de la Société Economique et Monétaire Ouest Africaine Union (UEMOA) ; Bankole ADEOYE, Commissaire chargée des affaires politiques, de la paix et Sécurité, Représentant le Président de la Commission de l’Union africaine ; M. El-Ghassim WANE, Chef du Service Multidimensionnel des Nations Unies , Mission Intégrée de Stabilisation au Mali (MINUSMA).
Les chefs d’État et de gouvernement ont pris note du rapport de Dr Goodluck JONATHAN, ancien président de la République fédérale du Nigeria et Médiateur de la CEDEAO pour le Mali et le Mémorandum sur la situation politique au Mali présenté par Jean-Claude Kassi BROU, Président de la Commission de la CEDEAO.
L’Autorité a salué la qualité des rapports et des recommandations qui y sont contenues. Elle décide de maintenir les sanctions initiales déjà imposée au Mali et aux autorités de transition.
La CEDEAO a également décidé d’imposer des sanctions économiques et financières supplémentaires, conformément ses délibérations lors de sa soixantième session ordinaire tenue le 12 décembre 2021 à Abuja, République fédérale du Nigeria. Ces sanctions supplémentaires comprennent :
a) Rappel pour consultations par les États membres de la CEDEAO de leurs Ambassadeurs accrédités au Mali :
b) Fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali ;
c) Suspension de toutes transactions commerciales et financières entre les États membres de la CEDEAO et le Mali, à l’exception des produits alimentaires, produits pharmaceutiques, fournitures et équipements médicaux, y compris matériaux pour le contrôle du COVID-19, des produits pétroliers et électricité;
d) Gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques Centrales de la CEDEAO ;
e) Gel des avoirs de l’Etat malien et des Entreprises d’Etat et parapubliques dans les banques commerciales ;
f) Suspension du Mali de toutes aides financières et transactions avec toutes institutions financières, notamment la BIDC et la BOAD.
A cet effet, la CEDEAO charge toutes les institutions communautaires de prendre des mesures pour appliquer ces sanctions avec effet immédiat. Les sanctions seront réexaminées en vue d’une levée progressive seulement après un délai acceptable et convenu. Le calendrier qui est finalisé et suivi des progrès satisfaisants qui sont réalisés dans la mise en œuvre du calendrier des élections.
A en croire la CEDEAO, “Ces sanctions ont été mises en place pour faciliter le processus de retour à l’ordre constitutionnel au Mali qui est nécessaire à la paix, la stabilité et la croissance. En excluant les biens et services essentiels de base, les sanctions ont été conçu pour éviter tout impact sur la population”, indique le communiqué.
Par ailleurs, compte tenu de l’impact potentiellement déstabilisateur sur le Mali et la région, à la suite de cette transition au Mali, l’Autorité décide d’activer immédiatement, la Force en attente de la CEDEAO, pour améliorer sa préparation, si le besoin s’en fait sentir.
La CEDEAO appelle l’Union africaine, les Nations Unies et d’autres partenaires pour soutenir le processus d’application de ces sanctions et continuer à soutenir une transition politique réussie. Elle invite les pays voisins du Mali, non membres de la CEDEAO, notamment l’Algérie et la Mauritanie, pour soutenir la mise en œuvre des sanctions.
La CEDEAO enverra prochainement une mission dans ces pays voisins dirigé par le président du Conseil des ministres.
La CEDEAO préoccupée par le déploiement des agents de sécurité du ” Groupe Wagner” au Mali
Les chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO sont préoccupés par le déploiement des agents de sécurité du ” Groupe Wagner” au Mali, alors que le pays est en pleine transition et condamnent les arrestations de personnalités politiques.
“Malgré le refus du Gouvernement de transition malien, l’Autorité demeure profondément préoccupé par les rapports cohérents sur le déploiement des agents de sécurité au Mali avec son impact potentiellement déstabilisateur sur la Région d’Afrique Occidentale. L’Autorité note que cette situation est étroitement liée à la transition politique au point mort dans le pays”, indique ce communiqué.
Et d’ajouter : ” L’Autorité condamne fermement la poursuite des arrestations et emprisonnement de personnalités politiques et d’anciens dignitaires maliens par le autorités de transition et exige que leurs cas soient traités conformément aux État de droit et respect des droits de l’homme”.
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