Le Président Français, Emmanuel Macron a rappelé samedi 24 octobre 2020, son ambassadeur en poste en Turquie, après des propos incendiaires du Président turc Recep Tayyip Erdogan contre son homologue français.
“Que pouvons-nous dire d’un chef d’État qui se comporte ainsi à des millions de membres d’une foi différente dans son pays”, a déclaré Erdogan, avant d’ajouter que “Macron a besoin de contrôles mentaux.”
Cette situation intervient dans le contexte où le professeur Samuel Paty a été assassiné par un extrémiste musulman après qu’il ait organisé un cours présentant les caricatures du prophète Mahomet.
Emmanuel Macron a déclaré au cours des funérailles du professeur Samuel Paty, que l’islam est une religion «en crise» dans le monde entier et que le gouvernement français présenterait un projet de loi en décembre pour renforcer une loi de 1905 qui séparait officiellement l’Église et l’État en France.
Il a également souligné que « Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent », a déclaré le Président Macron.
Selon la députée française Marine Le Pen, « M. Erdogan a choisi de ne pas présenter de condoléances après la décapitation d’un professeur et préfère insulter gravement le Président de la République alors que la France est en deuil. Le rappel de notre ambassadeur était inévitable et doit être salué », a-t-elle tweeté dimanche 25 octobre.
L’Élysée a dénoncé les propos jugés inacceptables du président turc, mais aussi noté « l’absence de messages de condoléances et de soutien du Président turc après l’assassinat de Samuel Paty », une semaine après la décapitation de l’enseignant par un islamiste près de Paris.
Le colère française se traduit par le rappel immédiat de l’ambassadeur de France à Ankara, semble-t-il pour la première fois de l’histoire des relations diplomatiques franco-turques. L’acte, dit l’entourage d’Emmanuel Macron, se veut « un signal très fort ».
Le précédent rappel à Paris d’un ambassadeur de France « en consultation », selon l’expression consacrée, remonte à février 2019, pour protester contre une rencontre entre Luigi di Maio, alors vice-premier ministre italien, et des Gilets jaunes.
En novembre dernier, le président turc avait déjà mis en cause la santé mentale d’Emmanuel Macron, répliquant aux propos du président français sur la « mort cérébrale » de l’Otan en l’invitant à « examiner sa propre mort cérébrale ». « Des insultes et des provocations d’Erdogan, on en a eu quasiment toutes les semaines cet été », admettait-on samedi dans l’entourage du président Macron. Ce qui changerait cette fois, c’est « le contexte ».
Sur le plan international, souligne-t-on, « les lignes ont bougé. Nous avons éveillé les partenaires européens au risque posé par Erdogan » en Méditerranée orientale, dans le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, en Libye ou encore en Syrie. En France surtout, l’attentat de Conflans Sainte-Honorine a conduit l’exécutif à accentuer l’initiative déjà engagée contre l’islam politique, suscitant la colère du dirigeant turc islamo-conservateur.
Il y a deux semaines, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé comme une provocation les déclarations de son homologue français sur le « séparatisme islamiste » et la nécessité de « structurer l’islam » en France, alors que l’exécutif présentait son futur projet de loi sur ce thème.
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a pour sa part dénoncé de la part de la Turquie « une volonté d’attiser la haine » contre la France et son président Emmanuel Macron, soulignant que l’ambassadeur sera de retour à Paris « pour consultation », dès ce dimanche.
Le ministre des Affaires étrangères, a fustigé « un comportement inadmissible, à fortiori de la part d’un pays allié ».
« A l’absence de toute marque officielle de condamnation ou de solidarité des autorités turques après l’attentat terroriste de Conflans Sainte-Honorine, s’ajoutent désormais depuis quelques jours une propagande haineuse et calomnieuse contre la France », a déclaré Jean-Yves Le Drian, dans un communiqué.
De son côté, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé dimanche les propos « inacceptables » du président turc à l’égard de son homologue français, et appelé Ankara à «cesser cette spirale dangereuse de confrontation».
Sur le fond, des tensions en Méditerranée au conflit en Libye, en passant par les affrontements au Haut-Karabakh, de nombreux dossiers opposent actuellement Paris et Ankara.
L’Élysée a de nouveau réclamé samedi « que la Turquie mette fin à ses aventures dangereuses en Méditerranée et dans la région », et dénoncé le «comportement irresponsable» d’Ankara au Haut-Karabakh.
«Des exigences sont posées. Erdogan a deux mois pour répondre. Des mesures devront être prises à la fin de cette année», a ainsi déclaré l’Élysée à propos de la Méditerranée orientale.
Le Hautpanel