Aujourd’hui, 20 janvier 2025, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche suscite à la fois des craintes et des espoirs sur le continent africain. Son discours souverainiste et son approche transactionnelle des relations internationales séduisent certains dirigeants africains, malgré les ambiguïtés qu’il génère.
Depuis son premier mandat, Donald Trump ne cache pas son admiration pour les dirigeants autoritaires. En 2019, il n’avait pas hésité à qualifier le général égyptien Abdel Fattah al-Sissi de « dictateur préféré », une déclaration qui avait provoqué des réactions de la part des défenseurs des droits de l’homme. Cependant, Trump se positionne en tant que chantre du non-interventionnisme, affirmant que les relations internationales ne doivent pas être conditionnées par les droits de l’homme ou la gouvernance interne des pays partenaires. Cette approche est perçue positivement par certains dirigeants africains autoritaires, qui espèrent pouvoir renforcer leurs relations économiques avec les États-Unis sans avoir à rendre des comptes sur leur politique intérieure.
le discours souverainiste de Trump trouve un écho particulier au Sahel, où un nombre croissant de dirigeants revendiquent leur droit à diversifier leurs partenariats militaires et économiques. Ces derniers se montrent de plus en plus réticents à adopter des politiques paternalistes dictées par les anciennes puissances coloniales. Ils considèrent le retour de Trump comme une opportunité pour asseoir une plus grande autonomie sur la scène internationale.
Cependant, l’approche de Trump est loin d’être sans risques. Le protectionnisme qu’il prône représente une menace pour certains pays africains qui dépendent d’un accès libre au marché américain. En décembre 2024, Trump a menacé de fermer les portes du marché américain aux pays du groupe des BRICS si ces derniers tentaient de se détacher du dollar. Cette politique de « avec moi ou contre moi » pourrait toucher les pays qui ont récemment renforcé leurs relations avec des rivaux des États-Unis, comme la Chine ou la Russie, ou qui ont critiqué Israël, tels que l’Afrique du Sud. En conséquence, ces nations pourraient se retrouver sous la pression de représailles économiques.
La vision de Trump sur l’Afrique, comme exposée dans son « Project 2025 » par la Heritage Foundation, semble se concentrer davantage sur la croissance que sur l’assistance. Ce point de vue séduit certains dirigeants, comme Paul Kagame, qui espèrent une coopération basée sur des intérêts économiques mutuels. Cependant, cette approche soulève des interrogations. Lors de son premier mandat, Trump avait adopté une politique pragmatique, privilégiant des accords bilatéraux pour sécuriser des ressources stratégiques telles que le pétrole, les minerais, ou encore pour contrer l’influence chinoise. Cette logique pourrait se traduire par une nouvelle vague de coupes dans les budgets de l’aide au développement, une tendance que le Congrès américain avait réussi à contrer auparavant, mais qui pourrait renaître avec un Trump réélu.
En Afrique du Sud, les décideurs publics sont particulièrement préoccupés par la pérennité de l’Agoa (African Growth and Opportunity Act), un accord commercial préférentiel qui permet à de nombreux produits africains d’entrer sur le marché américain sans droits de douane. Le pays fait partie des principaux bénéficiaires de ce programme, en particulier pour ses exportations de voitures, produits chimiques, agrumes et vin. Cependant, certains membres du camp républicain ont réclamé l’exclusion de l’Afrique du Sud de ce programme en raison de ses liens avec des pays comme la Russie, la Chine et l’Iran, ainsi que de ses positions critiques à l’égard d’Israël. À l’approche du renouvellement de l’accord en septembre 2025, Trump pourrait céder à ces pressions, ce qui mettrait en danger les intérêts économiques sud-africains.
L’Afrique du Sud est également inquiète du financement du programme PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief), qui soutient la lutte contre le VIH depuis 2003. Si Trump persiste dans ses coupes budgétaires, cela pourrait affecter gravement la santé publique dans le pays.
Enfin, bien que le président sud-africain Cyril Ramaphosa n’ait pas été invité à la cérémonie d’investiture de Trump, il a lancé une invitation à son homologue américain pour un match de golf en novembre 2025, lors du sommet du G20 à Johannesburg. Cette invitation témoigne d’une volonté de maintenir un dialogue ouvert, mais la relation entre les deux nations pourrait être marquée par des tensions économiques et diplomatiques liées aux politiques de Trump.
Ainsi, à mesure que le 20 janvier 2025 avance, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche devient un sujet de discussion majeur en Afrique, où les espoirs de coopération économique sont confrontés aux inquiétudes relatives à une politique étrangère plus unilatérale et protectionniste. Les pays africains devront naviguer entre ces deux forces pour préserver leurs intérêts tout en évitant de se retrouver dans une position de dépendance.