L’Eglise catholique romaine, dans sa déclaration Supplicans Fiducia sur le sens pastoral des bénédictions, a autorisé lundi 18 décembre 2023, la bénédiction des couples homosexuels, a précisé Monseigneur Armando Matteo, Secrétaire de la Section Doctrinale du Vatican.
Selon ce document du Vatican, “il s’agit d’une bénédiction qui, bien qu’elle ne soit incluse dans aucun rite liturgique, unit la prière d’intercession à l’invocation de l’aide de Dieu par ceux qui se tournent humblement vers lui. Dieu ne repousse jamais quiconque s’approche de lui !”
Le Pape François souligne que pour éviter toute forme de confusion ou de scandale, lorsque la prière de bénédiction est demandée par un couple en situation irrégulière, même si elle s’exprime en dehors des rites prescrits par les livres liturgiques, cette bénédiction ne doit jamais être communiqué en concomitance avec les cérémonies d’une union civile, et même pas en relation avec elles. Elle ne peut pas non plus être accomplie avec des vêtements, des gestes ou des paroles propres à un mariage.
Ainsi, la bénédiction demandée par un couple de même sexe peut plutôt trouver sa place dans d’autres contextes, comme la visite d’un sanctuaire, une rencontre avec un prêtre, une prière récitée en groupe ou lors d’un pèlerinage.
Il sied de noter que l’Eglise Catholique considère toujours le mariage comme « l’union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération des enfants ».
Contexte
Le Pape François a répondu aux questions du cardinal Burke et du cardinal Brandmüller, soumises le 11 juillet 2023, dans une lettre adressée au Saint Père, sur les cinq Dubia.
A la question du Dubium concernant l’affirmation selon laquelle la pratique répandue consistant à bénir les unions homosexuelles est conforme à l’Apocalypse et au Magistère (CEC 2357).
Selon la Révélation divine, attestée dans l’Écriture Sainte, que l’Église enseigne, « l’écouter dévotement, la garder scrupuleusement et l’expliquer fidèlement selon un mandat divin et avec l’aide du Saint-Esprit » ( Dei Verbum , n. .10) : « In principio » [« Au commencement »] Dieu a créé l’homme à son image, à l’image de Dieu il les a créés ; mâle et femelle, il les créa et les bénit afin qu’ils soient féconds (cf. Gen. 1:27-28). Pour cette raison, l’apôtre Paul enseigne que nier la différence sexuelle est la conséquence du reniement du Créateur (Rom. 1 : 24-32).
On se demande : l’Église peut-elle déroger à ce « principio », en le considérant comme un simple idéal, contrairement à ce qui est enseigné dans Veritatis Splendor , 103, et en acceptant comme un « bien possible » des situations objectivement pécheresses, comme les unions avec des personnes ? du même sexe, sans s’écarter de la doctrine révélée ?
La réponse récente du pape François à la deuxième des cinq questions posées par deux cardinaux offre l’occasion d’explorer cette question plus en détail, notamment dans ses implications pastorales. Il s’agit d’éviter que « quelque chose qui n’est pas un mariage soit reconnu comme tel ». Ainsi, des rites et des prières qui pourraient créer une confusion entre ce qui constitue le mariage qui est « l’union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération des enfants » et ce qui contredit c’est inadmissible. Cette conviction est fondée sur la doctrine catholique éternelle du mariage ; c’est seulement dans ce contexte que les relations sexuelles trouvent leur sens naturel, propre et pleinement humain. La doctrine de l’Église sur ce point reste ferme.
C’est aussi la compréhension du mariage que propose l’Évangile. C’est pourquoi, en matière de bénédictions, l’Église a le droit et le devoir d’éviter tout rite qui pourrait contredire cette conviction ou prêter à confusion. Tel est également le sens du Responsum de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui déclare que l’Église n’a pas le pouvoir de bénir les unions de personnes du même sexe.
Il faut souligner que dans le Rite du Sacrement de Mariage, il ne s’agit pas de n’importe quelle bénédiction mais d’un geste réservé au ministre ordonné. Dans ce cas, la bénédiction donnée par le ministre ordonné est directement liée à l’union spécifique d’un homme et d’une femme, qui établissent par leur consentement une alliance exclusive et indissoluble. Ce fait permet de souligner le risque de confondre une bénédiction donnée à toute autre union avec le Rite propre au sacrement de Mariage.
Celui qui demande une bénédiction montre qu’il a besoin de la présence salvatrice de Dieu dans sa vie et celui qui demande une bénédiction à l’Église reconnaît celle-ci comme un sacrement du salut que Dieu offre. Rechercher une bénédiction dans l’Église, c’est reconnaître que la vie de l’Église jaillit du sein de la miséricorde de Dieu et nous aide à avancer, à vivre mieux et à répondre à la volonté du Seigneur.
Pour nous aider à comprendre la valeur d’une approche plus pastorale des bénédictions, le Pape François nous invite à contempler, avec une attitude de foi et de miséricorde paternelle, le fait que « quand on demande une bénédiction, on exprime une demande ». pour l’aide de Dieu, un appel à vivre mieux et la confiance en un Père qui peut nous aider à vivre mieux.
Cette demande doit, de toutes les manières , être valorisée, accompagnée et reçue avec gratitude. Les personnes qui viennent spontanément demander une bénédiction montrent par cette demande leur ouverture sincère à la transcendance, la confiance de leur cœur qu’elles ne se fient pas à leurs seules forces, leur besoin de Dieu et leur désir de sortir des limites étroites de ce monde, enfermé dans ses limites.
Dans l’horizon tracé ici apparaît la possibilité de bénédictions pour les couples en situation irrégulière et pour les couples de même sexe, dont la forme ne devrait pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales pour éviter de produire une confusion avec la bénédiction propre au sacrement de mariage.
Dans de tels cas, une bénédiction peut être conférée qui non seulement a une valeur ascendante mais implique également l’invocation d’une bénédiction qui descend de Dieu sur ceux qui, se reconnaissant démunis et ayant besoin de son aide, ne prétendent pas à une légitimation de leur propre statut, mais qui implorent que tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et leurs relations soit enrichi, guéri et élevé par la présence du Saint-Esprit. Ces formes de bénédiction expriment une supplication pour que Dieu accorde les aides qui viennent des impulsions de son Esprit, ce que la théologie classique appelle « la grâce réelle », afin que les relations humaines mûrissent et grandissent dans la fidélité à l’Évangile, qu’elles soient libérées de leurs imperfections et de leurs fragilités, et qu’ils puissent s’exprimer dans la dimension toujours croissante de l’amour divin.
En effet, la grâce de Dieu opère dans la vie de ceux qui ne prétendent pas être justes mais qui se reconnaissent humblement pécheurs, comme tout le monde. Cette grâce peut tout orienter selon les desseins mystérieux et imprévisibles de Dieu. C’est pourquoi, avec sa sagesse infatigable et sa sollicitude maternelle, l’Église accueille tous ceux qui s’approchent de Dieu avec un cœur humble, en les accompagnant de ces aides spirituelles qui permettent à chacun de comprendre et de réaliser pleinement la volonté de Dieu dans son existence.
Il s’agit d’une bénédiction qui, bien qu’elle ne soit incluse dans aucun rite liturgique, unit la prière d’intercession à l’invocation de l’aide de Dieu par ceux qui se tournent humblement vers lui. Dieu ne repousse jamais quiconque s’approche de lui ! En fin de compte, une bénédiction offre aux gens un moyen d’accroître leur confiance en Dieu. La demande de bénédiction exprime et nourrit ainsi l’ouverture à la transcendance, à la miséricorde et à la proximité avec Dieu dans mille circonstances concrètes de la vie, ce qui n’est pas une mince affaire dans le monde dans lequel nous vivons. C’est une graine du Saint-Esprit qui doit être nourrie et non entravée.
La liturgie de l’Église elle-même nous invite à adopter cette attitude de confiance, même au milieu de nos péchés, de nos manques de mérites, de nos faiblesses et de nos confusions, comme en témoigne ce beau recueil du Missel romain : « Dieu tout-puissant et éternel, qui dans l’abondance de ta bonté dépasse les mérites et les désirs de ceux qui te supplient, déverse sur nous ta miséricorde pour pardonner ce que redoute la conscience et donner ce que la prière n’ose pas demander » (Collecte pour le vingt-septième dimanche ordinaire Temps). Combien de fois, par la simple bénédiction d’un pasteur, qui ne prétend ni sanctionner ni légitimer quoi que ce soit, les gens peuvent-ils expérimenter la proximité du Père, au-delà de tous « mérites » et « désirs » ?
C’est pourquoi la sensibilité pastorale des ministres ordonnés doit également être formée pour accomplir spontanément des bénédictions qui ne se trouvent pas dans le Livre des Bénédictions .
En ce sens, il est essentiel de comprendre le souci du Saint-Père que ces bénédictions non ritualisées ne cessent jamais d’être de simples gestes qui constituent un moyen efficace pour accroître la confiance en Dieu de la part de ceux qui les demandent, soucieux qu’ils ne doit pas devenir un acte liturgique ou semi-liturgique, semblable à un sacrement. En effet, une telle ritualisation constituerait un grave appauvrissement car elle soumettrait un geste de grande valeur dans la piété populaire à un contrôle excessif, privant les ministres de liberté et de spontanéité dans leur accompagnement pastoral de la vie des gens.
À cet égard, nous pensons aux paroles suivantes du Saint-Père, déjà citées en partie : « Les décisions qui peuvent relever de la prudence pastorale dans certaines circonstances ne doivent pas nécessairement devenir une norme. C’est-à-dire qu’il n’est pas approprié qu’un diocèse, une conférence épiscopale ou toute autre structure ecclésiale établisse constamment et officiellement des procédures ou des rituels pour toutes sortes de questions […]. Le droit canonique ne devrait pas et ne peut pas tout couvrir, et les conférences épiscopales ne devraient pas non plus prétendre le faire avec leurs divers documents et protocoles, car la vie de l’Église passe par de nombreux canaux autres que les canaux normatifs. [Ainsi le Pape François a rappelé que « ce qui relève d’un discernement pratique dans des circonstances particulières ne peut être élevé au rang de règle » car cela « conduirait à une casuistique intolérable ».
Pour cette raison, il ne faut ni prévoir ni promouvoir un rituel de bénédiction des couples en situation irrégulière. En même temps, il ne faut pas empêcher ou interdire la proximité de l’Église avec les hommes dans toutes les situations où ils pourraient demander l’aide de Dieu par une simple bénédiction. Dans une brève prière précédant cette bénédiction spontanée, le ministre ordonné pourrait demander aux individus la paix, la santé, un esprit de patience, de dialogue et d’entraide, mais aussi la lumière et la force de Dieu pour pouvoir accomplir pleinement sa volonté.
En tout cas, précisément pour éviter toute forme de confusion ou de scandale, lorsque la prière de bénédiction est demandée par un couple en situation irrégulière, même si elle s’exprime en dehors des rites prescrits par les livres liturgiques, cette bénédiction ne doit jamais être communiqué en concomitance avec les cérémonies d’une union civile, et même pas en relation avec elles. Elle ne peut pas non plus être accomplie avec des vêtements, des gestes ou des paroles propres à un mariage. Il en va de même lorsque la bénédiction est demandée par un couple de même sexe.
Une telle bénédiction peut plutôt trouver sa place dans d’autres contextes, comme la visite d’un sanctuaire, une rencontre avec un prêtre, une prière récitée en groupe ou lors d’un pèlerinage. En effet, à travers ces bénédictions qui sont données non pas à travers les formes rituelles propres à la liturgie mais comme expression du cœur maternel de l’Église, semblables à celles qui émanent du noyau de la piété populaire, il n’y a aucune intention de légitimer quoi que ce soit, mais plutôt de légitimer quoi que ce soit, ouvrir sa vie à Dieu, demander son aide pour vivre mieux, mais aussi invoquer l’Esprit Saint pour que les valeurs de l’Évangile soient vécues avec plus de fidélité.
Ce qui a été dit dans cette Déclaration concernant les bénédictions des couples de même sexe est suffisant pour guider le discernement prudent et paternel des ministres ordonnés à cet égard. Ainsi, au-delà des conseils fournis ci-dessus, aucune autre réponse ne devrait être attendue sur les moyens possibles de réglementer les détails ou les aspects pratiques concernant les bénédictions de ce type.
L’Église est ainsi le sacrement de l’amour infini de Dieu. Par conséquent, même lorsque la relation d’une personne avec Dieu est obscurcie par le péché, elle peut toujours demander une bénédiction, en tendant la main vers Dieu, comme Pierre l’a fait pendant la tempête lorsqu’il a crié à Jésus : « Seigneur, sauve-moi ! (Mt 14:30). En effet, désirer et recevoir une bénédiction peut être un bien possible dans certaines situations. Le pape François nous rappelle qu’« un petit pas, au milieu des grandes limites humaines, peut être plus agréable à Dieu qu’une vie qui semble extérieurement ordonnée mais qui avance tout au long de la journée sans affronter de grandes difficultés ». Ainsi, « ce qui resplendit, c’est la beauté de l’amour salvateur de Dieu manifesté en Jésus-Christ, mort et ressuscité des morts ».
Compte tenu de ce qui précède et suivant l’enseignement faisant autorité du Pape François, ce Dicastère souhaite enfin rappeler que « la racine de la douceur chrétienne » est « la capacité de se sentir béni et la capacité de bénir […] ».
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