Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en République Démocratique du Congo a documenté 371 violations et atteintes aux droits de l’homme en janvier 2024, sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo avec 949 victimes (636 hommes, 175 femmes et 138 enfants), ce qui représente une diminution de 4% par rapport au mois précédent, a indiqué un communiqué de cette agence des Nations Unies publié jeudi 21 mars 2024.
A l’instar des périodes précédentes, des membres des groupes armés ont été responsables de la majorité des atteintes documentées dans le pays avec 217 atteintes (58% du total des violations et atteintes) et 142 pour les agents de l’Etat (38%), a souligné ce communiqué.
Dans le cadre de son mandat, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo assure un suivi étroit de la situation des droits de l’homme et analyse les tendances des violations et atteintes commises dans le pays. Ces tendances sont régulièrement partagées avec les autorités afin qu’elles prennent les actions nécessaires, y compris traduire en justice les auteurs présumés de ces faits.
Pendant le mois de janvier 2024, le BCNUDH a documenté 305 violations et atteintes dans les provinces en conflit, notamment dans les provinces du Nord-Kivu (171), de l’Ituri (59), du Tanganyika (45), du Sud Kivu (29) et du Maniema (une). Dans les provinces non affectées par le conflit, le BCNUDH a documenté 59 violations commises par les agents de l’Etat, notamment dans les provinces du Haut-Katanga (22) de Kinshasa (17) de Sankuru (sept) du Kasaï et Lualaba (cinq chacun) du Kasaï-Central, du Kongo-Central, Lomami (deux chacun), Kasaï-Oriental (une).
Dans le Petit Nord, en janvier 2024, la situation en matière de sécurité et de droits de l’homme s’est considérablement détériorée dans les territoires de Rutshuru et de Masisi, en raison de l’intensification des combats entre le M23 soutenu par les forces armées rwandaises et des militaires des FARDC ainsi que des groupes armés regroupés au sein des Wazalendo qui se battent aux côtés des forces armées nationales. Plusieurs cas de violations des droits de l’homme et d’abus ont été documentés, ainsi que des allégations de violations du droit international humanitaire par les parties au conflit. Par exemple, il a été confirmé que le M23 a forcé des personnes déplacées à retourner dans leurs villages d’origine, malgré l’insécurité persistante ou qu’il leur a interdit de se déplacer volontairement vers des zones plus sûres.
Dans le Grand Nord et la Province de l’Ituri, en particulier sur l’axe routier Mbau-Kamango dans la province du Nord Kivu et le territoire de Mambasa dans la province de l’Ituri, la recrudescence de l’activisme des ADF persiste en dépit des opérations conjointes FARDC-UPDF contre ce groupe. En janvier 2024, le BCNUDH a aussi observé la dégradation de la situation des droits de l’homme dans la commune rurale de Mangina, due à l’activisme des ADF mais aussi des membres des groupes Maï-Maï UPLC, Baraka, Kyandenga et Vérandistes qui se sont affrontés avec les FARDC, causant à nouveau des déplacements massifs de civils.
Les cas de violences sexuelles liées au conflit (VSLC) sur des victimes ont baissé en janvier 2024 par rapport au mois précédent. Le BCNUDH a enregistré huit incidents de VSLC avec 13 victimes adultes (13 femmes) contre 37 victimes pour le mois précédent. Parmi ces incidents, deux concernaient des cas de viol collectif, cinq des cas d’enlèvements et un cas de viol. A l’instar du mois précédent, des membres de groupes armés ont été responsables de 92 % de ces violences sexuelles, avec un total de 12 victimes.
Le groupe de travail sur le monitoring et le rapportage des six graves violations contre les droits de l’enfant a constaté une augmentation de plus de 25% du nombre total de violations vérifiées par rapport au mois de décembre 2023.
Pendant le mois de janvier 2024, le BCNUDH a documenté 29 violations et atteintes des droits de l’homme liées à l’espace démocratique ayant fait 60 victimes, dont deux femmes ; ce qui constitue une diminution par rapport à celles documentées au cours du mois de décembre 2023 (49 violations et 225 victimes). Pour ces violations documentées au mois de janvier 2024, les agents de l’État ont commis 26 violations, alors que les membres des groupes armés ont été responsables de trois atteintes.
Enfin le BCNUDH a soutenu les efforts des autorités nationales pour améliorer le comportement des forces de défense et de sécurité. Au moins, 14 activités de sensibilisation et de renforcement des capacités ont été organisées au cours de l’année sur l’étendue du territoire national et au moins 454 hommes et 156 femmes (610 personnes) ont participé à ces activités. Elles ont porté sur plusieurs sujets dont les notions générales sur les droits de l’homme, les droits de personnes arrêtées, le discours de haine, le monitoring des droits de l’homme, l’exercice des libertés publiques et les droits sociaux économiques et culturels, les violences sexuelles, la justice transitionnelle et la lutte contre l’impunité.
Les performances de la République Démocratique du Congo en matière des droits de l’homme seront revues cette année 2024 par le Conseil des Droits de l’Homme. A travers le BCNUDH, la MONUSCO et l’ensemble des agences, fonds et programmes des Nations Unies en République démocratique du Congo vont accompagner le Gouvernement, la Commission Nationale des Droits de l’Homme et les organisations de la société civile durant le quatrième cycle de l’Examen Périodique Universel du Conseil des Droits de l’Homme et dans la mise en œuvre des cinq engagements de la République démocratique du Congo, pris en décembre 2023 par les autorités pour une plus grande protection des droits humains dans le pays.
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