Ted Beleshayi, Secrétaire Exécutif National de la Ligue des Jeunes de l’UDPS/Tshisekedi s’est confié ce samedi 23 mai 2020, à la rédaction de Lehautpanel.com concernant la dépréciation du Franc Congolais.
Économiste monétariste, Auditeur et Chef de mission dans un cabinet d’audit international qui fait partie des quatre (4) grandes firmes d’audit au monde, Ted Beleshayi est aussi Expert-comptable.
Pour ce diplômé de l’Économie monétaire, « Au-delà des mesures de politique monétaire prises par la Banque Centrale du Congo, il y a nécessité que les autorités imposent aux administrations et institutions de l’État quelques pratiques de bonne gestion et surtout une culture d’utilisation de la monnaie scripturale pour limiter la pression sur la demande des devises étrangères et la sur liquidité de Franc Congolais (CDF) sur le marché, deux faits qui sont souvent à la base de dépréciation du Franc congolais face à la devise américaine ».
Ted Beleshayi déclare que la monnaie est influencée par deux marchés à savoir le marché réel qui est celui des biens et services et le marché monétaire qui n’est que souvent le reflet du marché réel. L’offre des biens et services dans le marché réel, poursuit-il, surtout pour les biens de consommation et de premières nécessités, dans notre pays, est souvent fonction des importations, et pour importer, les agents économiques ont besoin des devises étrangères car notre devise nationale, le CDF, n’est pas cotée au niveau international, c’est-à-dire elle n’a pas de parité au niveau international.
S’agissant de la dépréciation continue du Franc Congolais, Ted Beleshayi pointe du doigt la structure de notre économie qui ne favorise pas son appréciation. Il déclare que « toutes les devises étrangères, y compris celles que nous mobilisons par nos exportations qui proviennent essentiellement des minerais sont affectées aux importations des biens de grande consommation que vendent les commerçants à l’instar des produits alimentaires et des produits manufacturés.
L’offre des devises étrangères (entrées grâce à l’exportation des minerais) est relativement inférieure à la demande des devises étrangères (sorties par les importations des biens et services) et comme conséquence, on observe une augmentation du prix des devises étrangères, qui se traduit par une dépréciation de la monnaie nationale sur notre marché de change ».
Pour résoudre ce problème, Ted Beleshayi propose comme solution à long terme la mise en place des réformes structurelles pour industrialiser notre économie et augmenter la valeur ajoutée des biens qu’on exporte à l’exemple du cuivre, du cobalt, etc, pour vendre au reste du monde des biens à une grande valeur ajoutée qui coûterait naturellement plus chers et donneraient beaucoup de devises étrangères au pays.
Et à court terme, il souligne le besoin de réflexion sur la gestion de devise qu’on engrange par les exportations des minerais et des liquidités en franc congolais, qui à son avis pose problème. «Nous devons nous poser la question comment gérons-nous déjà le peu de devise qu’on engrange par les exportations des minerais et la circulation des liquidations en franc congolais dans notre marché intérieur, je peux déjà vous dire qu’on gère tout ça très mal », déclare Ted Beleshayi.
D’après cet économiste et cadre de l’UDPS, pour que le Franc Congolais prenne de la valeur face aux devises étrangères tout au plus se stabilise, il y a nécessité de revoir la structure de notre économie. Nous devons construire des chaines des valeurs en amont et en aval autour des secteurs porteurs qui nous rapportent des devises étrangères, a-t-il martelé, à défaut le Franc congolais va poursuivre sa descente aux enfers.
«La révision de la structure économique peut aider la monnaie à se stabiliser et à avoir de la valeur et à terme le CDF peut être considéré comme une devise qui a cour sur le marché international car le marché monétaire dépend du marché réel c’est-à-dire marché des biens et services. Pour y parvenir, nous devons déjà être, à court terme, plus disciplinés dans notre manière de manipuler du cash. Notre économie est très liquide, nous devons changer notre comportement vis-à-vis du dollar américain et du Franc congolais, même si à terme nous arrivons à engranger des devises, si nous continuons à avoir une propension trop grande au cash, le franc congolais continuera à se déprécier face aux devises étrangères, la Banque Centrale a un grand rôle à jouer à ce sujet », a déclaré l’économiste Ted Beleshayi.
Dans un pays où le taux de chômage avoisine 90%, la dépréciation de la monnaie contribue à la paupérisation de la population, Ted Beleshayi souligne la nécessité de construire une économie intégrée. Pour lui, « tant qu’il y aura pas une chaîne des valeurs en amont et en aval de nos secteurs porteurs comme les mines, télécom, etc, tant que nous ne produirons pas ce que nous consommons il sera difficile d’industrialiser le pays et sans l’industrialisation, il sera difficile de résorber le chômage.
A titre exemplatif, prenons le cas de l’industrie minière du Katanga, en amont cette industrie minière devrait être en mesure d’acheter pour son personnel qui loge dans le site minier de la nourriture qui vient des agriculteurs et paysans congolais, s’approvisionner en acide sulfurique ou les souffres auprès d’une industrie chimique congolaise, ces dernières sont des matières premières nécessaires pour purifier les minerais des cuivres et obtenir les cathodes de cuivre. Et en aval, vendre ses cathodes de cuivre à une industrie de production et transformation des cathodes de cuivre en câbles électriques qui à son tour peut vendre les câbles électriques en cuivre à la SNEL. Vous imaginez combien d’emplois peut-elle créer autour de la production des cathodes de cuivre qu’on exporte à vil prix ? Voila, comment on construit une économie intégrée industrialisée ».
Touché par la crise sanitaire du Coronavirus 2019, le Secrétaire national exécutif de la ligue des jeunes de l’UDPS recommande au gouvernement de mettre en place un plan de relance. « La COVID- 19 doit être considérée aussi comme une opportunité, nous ne devons pas avoir peur du déficit et de l’endettement, le plus important c’est de savoir à quoi est affecté l’endettement si pour investissement, c’est bien pour l’économie, si pour consommation, ce n’est pas du tout bon pour l’économie, regardez en Europe, le pacte sur le déficit a été rompu, certains pays ont atteint un niveau de déficit de plus 100% du PIB, j’invite le gouvernement d’être ambitieux», a-t-il conclu.
Le Hautpanel