Le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) a déploré ce mardi 11 juin 2024 à Kinshasa, le monnayage de chaque député national avec 30.000 dollars américains, soit près de 14 millions de dollars américains pour tous les députés nationaux, afin de participer au vote de confiance du nouveau Gouvernement dirigé par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka à l’Assemblée nationale.
«Dans le cadre de l’exécution du pilier 1 axé sur le Monitoring budgétaire et l’engagement citoyen, le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) suit de près la gestion des deux chambres du Parlement de la République Démocratique du Congo. A la veille de l’investiture du nouveau Gouvernement, les informations concordantes venant de l’Assemblée nationale sont de plus en plus inquiétantes.
CREFDL constate que les faits décriés dans son rapport publié le 9 mai dernier refont surface et se consolident actuellement. Selon les entretiens effectués avec 20% des députés nationaux et assistants parlementaires, il s’avère que chaque député aurait touché 30.000 $ pour participer au vote de confiance du nouveau Gouvernement, qui aura lieu ce mardi 11 juin. Ce sont près de 14 millions $ décaissés par l’Etat pour motiver les députés nationaux. Un montant qui n’est pas retracé dans la Loi des finances, exercice 2024. Pour CREFDL, ce montant décaissé unilatéralement pourrait financer la construction d’au moins 10 laboratoires médicaux modernes dans 10 provinces, si l’on tient compte du Pilier IV du Programme d’Actions du nouveau Gouvernement, intitulé “Garantir l’accès aux services de base”», peut-on lire dans le communiqué de cette organisation de la société civile.
A cet effet, le CREFDL rappelle que ces pratiques de corruption ne peuvent en aucun cas renforcer le contrôle de l’action du Gouvernement. Au contraire, l’Assemblée Nationale se fragilise davantage et ne saurait jouer pleinement son rôle. « Ces paiements en espèces effectués par le caissier de l’Assemblée nationale sont des indices de blanchiment des capitaux. La justice devrait enquêter», a déclaré Valéry MADIANGA, Coordonnateur national du CREFDL. « Comment payer à cette hauteur là un député national, qui est déjà pris en charge par l’Etat et dispose d’un salaire de prestige ? », s’interroge-t-il.
CREFDL note que le programme du nouveau gouvernement contient des informations qui devraient susciter un débat de fond des élus nationaux. Face à ces informations troublantes, CREFDL craint que cette législature soit pire que la précédente, dont la gestion a été caractérisée par des pratiques de corruption et d’achat de consciences des élus nationaux.
Le Hautpanel