Le Président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a déploré ce samedi 17 février 2024, lors de l’ouverture de la Trente-septième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine, la montée des régimes non constitutionnels en Afrique et des foyers de crise dans le continent.
« Nos principaux défis n’ont pas diminué de prégnance. La paix, l’instabilité politique et institutionnelle, les changements climatiques, les déficits en matière de gouvernance économique, l’intégration, la pauvreté, la marginalisation des femmes et des jeunes dans les processus de développement et de leadership dans nos systèmes politiques et sociaux , demeurent nos principales sources de souffrance. La complexification inouïe du monde est loin d’arranger les choses. La conflictualité, La violence et le déclin des grands principes ont pris, hélas, le dessus sur l’humilité, la paix et la noblesse des valeurs fondatrices de la civilisation humaine.
Non seulement les inégalités sociales se sont creusées, les injustices se multiplient mais l’hégémonie et les velléités absurdes de régler nos divergences par la force brutale et vaine prévalente publiquement sous les yeux de tous.
Le cas le plus flagrant est celui de Gaza en Palestine, littéralement rasée, son presque exterminé dans l’intégrité physique de dizaines de milliers de ses habitants, humilié dans sa dignité et spolié de tous ses droits.
Le droit international, le droit international humanitaire, les droits de l’homme, la morale tout cours, sont allégrement ignorés, piétinés, bafoués», a dit le Président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat.
Et d’ajouter : « La guerre continue de faire rage en Europe entre russes et ukrainiens. Le champ de ses dévastations en vies humaines et en biens ne cesse de s’étendre, au grand préjudice de tous les peuples du monde.
Chez nous en Afrique, le terrorisme déstructure certains de nos États en inversant les priorités par la multiplication des dépenses militaires exorbitantes, aux dépendances des secteurs sociaux vitaux, tout en ouvrant la voie aux discours populistes trompeurs.
Les non constitutionnels de gouvernement se multiplient en totale défiance de tout l’ordonnancement politico-juridique qui a fondé notre organisation. Jamais depuis la création de l’UA un tel nombre de transitions post changement non constitutionnel n’a été atteint en Afrique. Notre échec à contrer un tel phénomène est patent. Au lieu d’être des modes joyeux de transfert ou de maintien pacifique du pouvoir, les élections sont devenues, par l’ampleur de leurs irrégularités, des facteurs d’approfondissement de crises.
Il est, dès lors, légitime de se demander ce que sont devenus notre
Architecture de Paix et de Sécurité Africaine (APSA) et sa sœur jumelle l’Architecture de Gouvernance Africaine (AGA) dont la seule évocation des sigles nous galvanisait et nous faisait frémir de fierté ?
Sommes-nous trompés en les concevant selon leur physionomie actuelle ? Avons-nous pêché par mimétisme aveugle en les concevant comme nous l’avons fait ? Comment échapper alors à ce questionnement lancinant ?
La Libye reste divisée et livrée à toute sorte d’ingérences extérieures assouvissant leurs insatiables appétits.
Le Soudan meurtri, déchiré, profondément piétiné par ses élites, s’enfonce dans le chaos et les appels de son peuple pour la paix, la justice ignorée restes. Comment, dès lors, ne pas condamner avec vigueur l’entêtement des auteurs de cette aventure insensée et promouvoir de toute urgence une solution politique consensuelle telle que l’IGAD et l’UA, soutenus par des pans entiers de la Communauté internationale, y avaient appelé dès l’éclatement de la guerre ?
La Corne de l’Afrique ne cesse de générer les tendances les plus inquiétantes pour tous les hommes épris de paix et de justice. L’impératif du respect total de la souveraineté, de l’intégrité, de la sécurité et des intérêts fondamentaux de tous les pays de la région n’a jamais été aussi crucial qu’il ne l’est de nos jours.
Les Grands lacs multiplient les signes d’aggravation de leur crise sempiternelle nourrie des problématiques irrésolues à l’Est de la République Démocratique du Congo. L’Afrique ne saurait baisser les bras et ne pas s’atteler à la promotion d’une vraie paix dans cette région.
Le Sahel s’inquiète au plus haut point pour le vide qui s’y installe dangereusement depuis le retrait de la Mission des Nations Unies, la dénonciation des Accords d’Alger et le retrait du Mali, du Burkina et du Niger de la CEDEAO.
La situation au Sénégal, pays modèle en matière de démocratie, nous préoccupe au plus haut point. Notre vif souhait est que, rapidement, il retrouve la voie de la sagesse pour régler sa crise institutionnelle conformément aux principes de l’État de droit et aux intérêts fondamentaux de son grand peuple. Dans ce cadre, je salue la position du gouvernement sénégalais de prendre en haute considération la décision du Conseil constitutionnel du pays et souhaite plein succès aux consultations envisagées par le gouvernement pour décider, dans un esprit consensuel, les meilleures voies pour l’organisation des élections. inclusifs, libres et transparentes dans les plus brefs délais possibles ».
Le Hautpanel