Le président sortant, Zoran Milanovic, figure emblematique du paysage politique croate et candidat du camp socialiste, semble bien placé pour remporter un nouveau mandat.
Les Croates qui sont appelés aux urnes dimanche pour élire leur président, un poste essentiellement honorifique, ont le choix entre le président socialiste sortant Zoran Milanovic, l’une des principales figures politiques dans le pays, et le scientifique Dragan Primorac, candidat des conservateurs au pouvoir.
Les électeurs croates votent, dimanche 12 janvier, pour élire leur président lors d’un deuxième tour opposant le sortant Zoran Milanovic, un socialiste aux accents populistes, à son rival conservateur Dragan Primorac, issu du HDZ, le parti à la tête du gouvernement depuis des années.
Les bureaux de vote ouvriront à 7 h locales (6 h GMT), et les résultats attendus dans la soirée. Le vainqueur sera élu pour cinq ans.
Crédité de plus de 60% des voix dans les derniers sondages, Zoran Milanovic, 58 ans, avait failli l’emporter.
S’il a peu de pouvoirs, ce poste étant largement honorifique, le président est vu par les Croates comme un rouage important du pays, garant du bon fonctionnement des institutions. Il est aussi le chef des armées et le représentant de la Croatie et de ses 3,8 millions d’habitants sur la scène internationale.
Cette année, cette élection a lieu sur fond d’inflation record – la plus haute de la zone euro, de scandales de corruption et d’un manque de main d’œuvre qui bouscule le tourisme, secteur vital pour le pays, la construction et le commerce.
Zoran Milanovic, figure de la vie politique croate depuis des années et Premier ministre de 2011 à janvier 2016, s’en est pris au HDZ, rappelant les scandales de corruption qui ont entaché le parti. Il a aussi joué sa partition populiste, s’en prenant notamment à l’Union européenne dont la Croatie fait partie depuis 2013.
“Je ne suis pas fan” du président, explique à l’AFP Mia, 35 ans, qui refuse de donner son nom de famille “mais je vais voter contre le HDZ. [Le parti) a trop de pouvoir et Plenkovic est en train de devenir un autocrate”, a-t-elle dit à l’adresse du chef du gouvernement Andrej Plenkovic.
Interrogé quelques jours avant les élections, Hrvoje, un enseignant de Zagreb qui préfère aussi ne pas donner son nom de famille, fait valoir les même raisons pour voter Zoran Milanovic. “Le président n’a pas beaucoup de pouvoir, mais il est important d’avoir un contrepoids fort au HDZ”.
“Cervelle de pigeon”
Le président sortant critique aussi souvent l’aide militaire à Kiev, tout en condamnant l’invasion russe de l’Ukraine. Et croque régulièrement le Premier ministre – son ennemi politique de toujours – en “greffier de Bruxelles”.
De quoi lui permettre de séduire les socialistes mais aussi une partie de l’électorat traditionnellement à droite, selon les analystes politiques croates.
“Milanovic est une sorte d’omnivore politique”, résume pour l’AFP le politologue Zarko Puhovski. Il s’est créé l’image, en quelques années, de celui “qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas”.
En face, Primorac, pédiatre, médecin légiste, fan de taekwondo et spécialiste en génétique médicale, a fait campagne sur les valeurs conservatrices du HZD – patriotisme et famille, et sur une “Croatie unie”.
Mais même les partisans de son parti sont critiques du manque de charisme de ce scientifique de 59 ans, qui n’a pas pourtant pas hésité à s’en prendre vertement à Milanovic, une “marionnette pro-Kremlin” qui “abîme” la crédibilité de la Croatie au sein de l’Otan et de l’UE.
C’est “un lâche”, “une honte”, a lâché Primorac en parlant de Milanovic, qui a en retour évoqué “la cervelle de pigeon” du conservateur.
Si la victoire du président sortant est presque certaine, le score de M. Primorac sera scruté par les analystes, car il pourrait écorner la position d’Andrej Plenkovic au sein du parti conservateur.